"Ange et démon" de Philippe Halvick
Voilà un bien amusant moment à passer. Ange et démon de Philippe Halvick est le type même du livre de vacances. D’abord, il est drôle, mais drôle sans prétention, un vrai plaisir donc, avec une bonne dose de parodie, des rebondissements inattendus et trois poils de tendresse. Attention pourtant ! Parce que c’est LE bouquin devant lequel vous risquez de passer en refusant de le voir. Pourquoi ? Parce que s’il y a du bien à dire de l’auteur, il faut aussi, en toute justice, éreinter l’éditeur : une couverture de hall de gare et encore ! Et une publicité intérieure assortie. Il est bien dommage qu’Halvick fasse ainsi les frais d’un éditeur qui a peut-être l’intention d’amener à un autre type de littérature quelques adolescents boutonneux, mais surtout d’élargir sa clientèle sans faire l’effort d’une présentation et d’une mise en page appropriée, sans compter l’absence de relecture.
Alors il faut espérer que le lecteur passera outre car les tribulations de son pauvre démon, bien angélique au fond, sont un peu douloureuses et tellement amusantes. Qui eut dit que les anges pouvaient parfois être des pestes ? Eh bien, c’est possible ! Il est vrai que 600 ans de sommeil et d’immobilité, cela a de quoi influer sur le caractère…
Aussi, lorsque des voleurs minables (mais sont-ils bien des voleurs ?) vont lui arracher sa précieuse corne frontale, le redoutable daemonius unicornus, pétrifié par un sort puissant en même temps que sa mortelle ennemie dans un lointain Moyen-Âge, va-t-il immédiatement chercher à se venger. Las ! En même temps que sa merveilleuse corne de joyaux, il aura perdu ses pouvoirs.
Récupérer l’une et les autres ne va pas être de tout repos.
Pour autant, l’espoir d’être à tout jamais débarrassé d’un ange vengeur autant qu’encombrant aurait pu être une consolation… mais non ! Car, s’il l’ignore encore, celui-ci, ou celle-ci plutôt, enlevée par un riche collectionneur maniaque, a également perdu tout pouvoir avec ses précieuses ailes, ce qui n’est pas pour améliorer son humeur.
Avec l’aide de Cornélius, puissant magicien dont les motivations n’apparaissent guère catholiques, et en dépit des soupçons d’un inspecteur de police ébahi mais sagace, notre démoniaque héros va devoir déjouer les poursuites de voleurs, de policiers, de sectes et, bon gré, mal gré, va bien être obligé de faire équipe avec son ange gardien suffisamment longtemps pour regretter le temps où le Mal était un vrai mal sérieux et où l’on pouvait solidement compter sur le Bien pour vous faire du mal.
Mais, après tout, le monde moderne à ses charmes, comme ne pouvait s’en douter le vertueux chevalier de Taillenbroche, lorsqu’il écrivait ses mémoires pour l’édification et la protection des générations futures.
— Hélène