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AOC Millésime

Auteurs connus et inconnus au programme de cette anthologie de quinze textes, assez inégaux, déjà publiés dans AOC, Aventures oniriques et Compagnie. En commençant par L’Ogre, le chat et les mathématiques, de Jo Bellet, petite nouvelle pleine d’humour, noir, sur les déboires et consolations d’un ogre sous un pont – comme quoi, ce n’est pas un lieu réservé aux trolls – reprise dans l’illustration, fort réussie, de la couverture.
Clin d’œil aux Simpson, La métamorphose des Mégaston, ou les surprises de Bart Koenig avec les personnages de la série télévisée promise au succès qu’il est en train d’écrire.
Avec Cette bonne vieille terre, Willy AmShani écrit un petit conte écologique destiné aux collectionneurs imprudents : qu’est-ce qu’un petit peu de terre ? Peur au ventre, du même, est de loin bien meilleur. Là, pas de morale, juste les états d’âme d’un soldat… qui pourrait être des plus ordinaires.
Les Petites voyageuses de Jean Effer évoque les paradoxes du voyage dans le temps auxquels se heurtera le professeur Henry Dumouse, au nom assurément prédestiné, et qui l’inciteront à mettre un terme à ses expériences très – ou trop – réussies, mais pas dans le sens prévu.
Sous couvert de fiction, Olivier Bourdy se livre, lui, à une satire tout à fait pertinente de l’école, avec des enseignements bien propres à donner la nausée. Nourritures spirituelles est à conseiller à tous les futurs enseignants et, mieux encore, à leur ministre.
Comme un agneau de Karim Berrouka anticipe sur une civilisation dont on aurait éradiquée toute violence, mais à quel prix !
Je rêvais des fays de Yohann Vasse est effectivement un rêve. D’un soldat mourant, ou bien drogué, dans le dernier cabaret avant la fin du monde ? Très onirique mais je n’ai pas du tout accroché.
Chamane de Kervenou est superbe. Une analyse très fine à la fois de la signification du chamane et de ses rapports au reste du monde dans son ensemble.
J’ai également beaucoup aimé, dans un tout autre genre, La musique des sphères d’Olivier Rouy, qui met joliment en lumière, et avec beaucoup d’humour, les travers de l’espèce humaine, qui se serre rarement les coudes en cas de nécessité.
Quand est mort le poète de Camille Ocoy est une nouvelle toute politique. Elle pourrait s’appliquer à n’importe quelle époque et n’importe quelle dictature, tant il est vrai que ce sont les poètes les derniers gardiens de la liberté, mais cette trop vague « universalité » lui fait perdre une grande part de sa force. Dommage.
Sébastien Juillard nous conduit aux portes d’un Japon à peine futuriste avec Death dolls blues, où Ayame, génétiquement modifiée pour être une tueuse, à la solde de Genshirô, prendra conscience qu’elle a toujours le choix. Une belle écriture mais d’une grande froideur pour une héroïne non moins froide.
La quête d’identité de Brad 2051, de Vanessa du Frat, soulève, avec un léger brin d’humour, les dérives absurdes auxquelles pourrait conduire le clonage. Mais sont-elles si absurdes que ça à une époque où rien de ce que découvrent les chercheurs n’échappe aux lois du commerce ?
Francis Berthelot, lui, revisite la mort de Mata-Hari, célèbre espionne, ou prétendue telle, de la Belle Époque. Ce sera Mata Napari, son coiffeur et complice, qui paiera pour la frivolité et la sottise de la célèbre demi-mondaine.
Enfin, Raven K de Xavier Mauméjean, basé sur des témoignages de ce monde-ci, évoque douloureusement les camps de prisonnières chez les nazis. Que ce soient des fées ou des femmes n’enlève rien à une horreur qu’il est bien regrettable de transporter dans ce monde-là qu’on aurait pu espérer hors d’atteinte.

— Hélène

Éditions Présences d’Esprits
248 pages – 15 €
ISBN 2-9518997-2-6

Cibylline

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