« Coraline » de Neil Gaiman (adaptation graphique du roman)
On ne présente pas vraiment Neil Gaiman, ni peut-être P. Craig Russel qui adapte ici en images le conte de Coraline, car il s’agit bien d’un conte, avec tout ce que cela peut présenter d’horrible et de merveilleux. Un conte noir, assurément, qui a valu à son auteur le prix Hugo et devrait sortir cet été en tant que film d’animation sous la direction d’Henry Selick.
De beaux dessins soignés pour raconter ce qu’il y a… de l’autre côté du miroir et de l’autre côté de la porte. Quoi de plus tentant pour une petite fille qui s’ennuie, de vouloir explorer le monde ? De ce côté-ci, il y a Papa, toujours occupé, Maman, qui vous achète des pulls affreux pour la rentrée scolaire mais pas les belles bottes vertes avec des têtes de grenouille. Il y a aussi deux vieilles demoiselles voisines qui vous offrent le thé ou des porte-bonheur mais ne comprennent rien aux petites filles. Pas plus que le vieux voisin du dessus qui monte un spectacle de cirque avec des souris mais un spectacle qu’on ne voit jamais.
Reste donc le jardin, avec ses beaux arbres, sa roseraie et son court de tennis abandonné et, naturellement, un puits dont il ne faut pas s’approcher tant il est profond. Toujours des interdits… et un chat aussi, énigmatique, comme tous les chats, mais qui n’a visiblement pas le désir de jouer. Passe encore un puits, mais qu’une porte s’ouvre sur un mur de briques, c’est vraiment trop ! Certes, dans une si grande maison que l’on a transformée en plusieurs appartements, il est bien normal qu’une porte puisse être condamnée, mais va savoir quelle curiosité vous pousse lorsque l’on s’ennuie et que ses parents sont partis faire des courses.
Et voilà qu’alors cette porte s’ouvre et, curieusement, c’est sur le même appartement que le sien. D’ailleurs, Papa et Maman sont là pour l’accueillir. Enfin, Maman a des ongles bien pointus. Et ses yeux ! Vraiment des yeux en boutons de bottine… au sens propre. N’empêche que voilà de quoi se désennuyer, sauf qu’il a des rats dans sa chambre et sauf que… en rentrant chez elle, Coraline n’y retrouve plus ses parents et qu’une horrible réalité se fait jour. Où sont-ils ? Et qui sont en réalité ces faux parents si aimants ? Être punie et enfermée dans un placard pour corriger ses manières va permettre à Coraline de savoir ce qu’il en est exactement.
Il faut beaucoup de courage pour se sauver mais, cela aide bien quand on veut sauver les autres et puis, avec un chat qui parle, la situation n’est jamais tout à fait perdue…
Bref, une jolie réalisation, à mettre entre toutes mains et en « vrai » format livre, ce qui rend la lecture plus agréable. Un tout petit point de détail, Coraline paraît bien âgée pour son âge, ou celui qu’elle devrait avoir, mais il est vrai que les jeunes lecteur(trice)s n’aiment guère s’identifier à des enfants…
Éditions Au diable Vauvert
186 pages – 18 €
ISBN : 978-2-846261-9-51