« Enfant de la prophétie I et II » de Juliet Marillier
Les années ont passé et c’est au tour de Fainne, la fille de Ciarán et de Niam, de livrer sa vision du monde. Et quelle vision peut avoir une adolescente qui a perdu sa mère et vit recluse auprès de son père qui lui apprend la magie ?
Il y a bien les villageois qui, reconnaissants de la protection apportée par « leur » sorcier, leur apportent des vivres. Les gens du voyage qui reviennent chaque été et, en particulier le jeune Darragh. Son seul ami à vrai dire. Mais est-ce bien la vie, même si Fainne ne saurait en imaginer une autre ?
Pourtant, tous ses progrès en magie, même s’ils lui paraissent bien menus lors de la soudaine arrivée de sa grand’mère, lady Oonagh, ne seront pas inutiles. Car Ciarán a décidé d’envoyer la jeune fille à Septenaigue pour y rencontrer sa famille maternelle et apprendre auprès de celle-ci quelques « manières » plus civilisées. Mais la vieille dame qui a conservé ses redoutables pouvoirs entend bien, elle, exercer sa vengeance en détruisant toute cette lignée par le biais de sa petite-fille. L’heure est enfin venue : le fils de Liadan et de Bran, celui désigné comme l’Enfant de la Prophétie, est désormais en âge de diriger la guerre attendue. Voilà qui va être assez facile puisque Fainne, placée devant un choix qui impliquerait la mort de son père en cas de refus, ne saurait avoir d’états d’âme envers cette famille inconnue.
C’est pourtant sous-estimer les talents de cette dernière qui, pour ne pas relever de la même magie que lady Oonagh, ne sont pas moindres.
Conformément au souhait de son père, Fainne va donc se rendre à Septenaigue en compagnie des gens du voyage et pour y découvrir ses oncles et cousins. Rien qu’elle aurait pu imaginer. Il lui sera difficile également de masquer ses propres capacités, au druide Conor en particulier, bien trop perspicace à son goût.
C’est difficile, lorsqu’on est accueillie avec amour, de ne pas mollir dans ses résolutions, mais la vieille sorcière en a décidé tout autrement. Il y a un maillon faible dans toute alliance. Eamonn, qui n’a jamais pardonné le départ de Liadan, ferait un traître idéal et Fainne sait se faire si parfaitement séduisante.
D’obéissance en remords, la jeune fille, tenue par les liens de la magie mais aussi par ceux du sang, sera emportée comme un fétu, et tous avec elle, jusqu’à la bataille décisive, sous le regard des Anciens et des Fées elles-mêmes.
Une aventure peut-être écrite et lue des milliers de fois mais dont le talent de l’auteur fait une aventure unique. Une voix particulière qui donne l’impression de redécouvrir un conte, des personnages, des lieux que l’on avait toujours connus et qui s’étaient enfouis dans nos plus lointains souvenirs.
Juliet Marillier ou la langue du mythe telle qu’on la parle, celle dont on entend encore parfois les échos dans la musique celtique.
J’ai donc particulièrement aimé.
Éditions L’Atalante
383 pages
ISBN : 978-2-84172-552-6 et 978-2-84172-553-3