« Exilium – Livre I : L’Internat » de Frédéric Bellec
Du fantastique au lycée. Ce roman est d’ailleurs dédicacé aux élèves dudit lycée, le lycée Jean Moulin à St-Amand-de Montrond, et se présente comme la chronique d’une semaine très particulière rédigée par un « pion » chargé de l’internat.
Aucun assistant d’éducation n’aurait bien envie, je crois, d’être réveillé par sa CPE pour apprendre tout à la fois qu’une neige abondante, si elle s’accompagne d’une fermeture d’une semaine pour l’établissement – chouette, des vacances ! – lui vaut également l’honneur de devoir assurer la surveillance de l’internat pour la poignée de garçons qui n’ont pu ni rentrer chez eux, ni être hébergés par une famille du quartier.
Petite déception qui devrait être compensée par la légèreté des horaires de service. Trois nuits, après tout, ce n’est guère. Sauf que…
Il y a effectivement très peu d’élèves : sept, et essentiellement des « polistes », jeunes cyclistes prometteurs, ainsi baptisés en raison de leur engagement au Pôle espoir de St-Amand. De gentils garçons à vrai dire, dont l’un, Kevin, doit rester couché en raison d’une grippe et dont un autre, Guilhem, entend jouer les gardes-malades.
Mais, entre les insinuations incompréhensibles d’un proviseur peu amène et les bruits bizarres qui se font entendre durant la nuit, ce qui devait être une charge anodine va vite tourner au cauchemar pour les élèves comme pour le narrateur.
C’est bien gentil d’être déjà adulte-référent tout en restant encore proche d’adolescents à peine moins âgés, mais tâcher de persuader ceux-ci que les bruits qui les terrifient sont forcément dus à la neige, à l’obscurité et au vent quand on n’en est pas tout à fait persuadé soi-même, ce n’est guère évident. Encore moins quand aux bruits s’ajoute une affreuse vision.
Mais quelle est la nature réelle des « monstres » ?
On a donc ici un roman fantastique pour la jeunesse. Rien de réellement terrifiant, en effet, mais plutôt le prétexte d’une approche bienveillante de cet éternel souci de l’adolescence, se sentir différent, désirer l’être même, et vouloir à la fois être semblable aux autres, ce qui en fait l’intérêt réel.
C’est d’ailleurs cette partie, même en restant sous forme chronologique très détaillée, qui prend le pas sur le récit dès le jeudi en s’accompagnant de l’évocation de traditions ésotériques berrichonnes.
Une différence de propos qui, en dépit d’un style suffisamment élémentaire pour leur rester accessible, peut éventuellement désorienter les plus jeunes lecteurs mais, aussi, leur permettre une découverte inattendue.
Éditions BoD
436 pages – broché 17€
ISBN : 978-2-3220-4404-7