« Garrett, détective privé III – Pour quelques deniers de cuivre » de Glen Cook
Ce qui est remarquable dans le personnage de Garrett n’est certainement pas qu’il soit détective privé, mais bien « le » détective privé, tel que caricaturé par une abondante, et le plus souvent médiocre, littérature. Il aime donc les jolies femmes, qui en général ne le lui rendent pas, la boisson, même si la bière n’est pas ce qu’il y a de plus classique, et se comporte, quoique avec réticence, en parfait chevalier défenseur de la veuve et de l’orphelin.
Mais, ici, le personnage est totalement assumé par l’auteur de La Compagnie noire, et avec une certaine jubilation. Une récréation, en somme. On peut donc être assuré que Garrett va se lancer, tête baissée mais à reculons, dans une affaire proposée par une merveilleuse blonde. C’est qu’il a bien conscience qu’elle n’est « pas catholique ». Et, dans un monde où le catholicisme n’existe pas, en dépit d’un nombre incroyable de cultes, ce n’est pas une intuition à négliger. De fait, peu après cette cliente peu ordinaire, c’est un grand inquisiteur soi-même qui va jouer les clients.
Bref, c’est dire que Garrett, malgré toutes ses préventions, va se retrouver jusqu’au cou dans une sombre affaire de religion. Pire, il va lui falloir secourir la jeune Maya, chef en titre de l’Infortune – féroce clan de gamines des rues – d’un guêpier dans lequel elle ne se serait pas fourvoyée si lui-même n’en avait montré le chemin. Qu’elle soit tombée amoureuse de lui n’améliorera pas la situation.
Heureusement, il y a toujours l’homme-mort pour donner un éclairage sur la situation, ce qui est une façon comme une autre de s’acquitter de son loyer, du moins lorsqu’il ne dort pas. Il est vrai que lorsqu’on est mort, c’est une occupation des plus naturelles. Et puis, dans une ville de fantasy, on a toujours un ogre amical sous la main pour aider à corriger des petits voyous d’elfes et tenir la dragée haute aux fanatiques religieux aussi bien qu’à la pègre de quartier.
Bref, on l’aura compris, il ne s’agit pas ici de grande littérature, à peine de polar et, moins encore de fantasy. Aucune prétention si ce n’est d’être un court moment de détente et, à ce niveau-là, Garrett, détective privé, remplit parfaitement le rôle qui lui est assigné, ce n’était donc pas une raison pour l’affliger d’une couverture, caricaturale, certes, mais bigrement laide.
Éditions J’ai Lu
286 pages – 6,70€
ISBN : 978-2-290-02287-0