"La Princesse du Sang" de Jean-Patrick Manchette
Récit inachevé. Le maître du neopolar succombe en 1995 en laissant derrière lui toute une procession indémontable de chefs d’oeuvres littéraires. On suit Manchette de près, suspendu entre ses intrigues réalistes et ses sous-entendus critiques d’une société infecte.
Béhavioriste avant tout, l’auteur met en scène des anti-héros et des situations psychologiques glaçantes de pessimisme. Le fils prend la plume pour couronner la princesse, et…
Et Ivory Pearl (nom fleurant la starlette fanée), photographe, rend visite à Samuel Farakhan, agent secret qui l’avait recueilli durant la seconde guerre mondiale… Une petite fille tuée de deux balles, un retrait hors du monde, une colonne vertébrale basée sur l’histoire, une sorte de rendez-vous avec le temps, une ouverture indirecte sur l’art, une plume à la fois percutante, précise, maniaque de détails et décalée… Tout le livre est une redécouverte de l’auteur, qui, après avoir laissé derrière lui une quinzaine d’années vierges de toute parution, remet un couvert déjà salué. Résumer La princesse du sang à un récit d’aventure est réducteur. Sous l?écorce noire d?un roman à rebondissements concentriques, se cache un chapelet de dénonciations historico-politiques, d’étude critique d’un sous-monde calculateur et organisé.
Un régal.
— Asphodel
Editions Gallimard (16 juin 2005)
Collection : Folio policier
Format : Poche – 214 pages
ISBN : 2070309347