« La Vallée des Neuf Cités » de Bernard Simonay
Dans deux mille ans, quand la folie des hommes ou celle de leur planète, auront quasiment anéanti l’humanité dont il ne restera que quelques îlots ou bien des peuples mutants, une civilisation se sera réinstallée dans la Vallée des Neuf cités.
Sur chacune d’elles régnera un Dmaârh, levant des impôts sur commerçants et paysans, entretenant des guerriers, les warriors, pour la défendre de tout ce qui vit sur ses franges, au bord des Terres bleues stériles et maudites, respectant enfin les dieux à travers leurs représentants, les orontes.
Une civilisation – et une conception du monde, inspirée des mythologies nordiques – des plus classiques donc, où vit le jeune Hegon d’Eddnyrà, brillant guerrier et fils du dmaârh.
Ce n’est cependant pas à la garnison de sa cité qu’il a été affecté mais à Mahagür car, depuis la mort de son épouse, son père l’a rejeté. Tant pis, ses soldats l’apprécient, sa valeur lui a acquis la fortune et il est entouré de deux amis très chers, Roxlaàn, son compagnon d’armes, et Dennios, poète plus âgé qui lui a quasiment servi de père.
Pourtant sa vie va basculer lorsqu’il va devoir escorter les emyssârs choisis pour un sacrifice aux dieux des marais. Il lui a toujours coûté que, plutôt que les affronter, on sacrifie chaque année à ceux-ci deux des plus beaux jeunes gens et filles de chaque cité. Surtout quand la fécondité est si réduite. Mais, cette fois-ci, la beauté et la dignité d’une des sacrifiées, Myriàn, lui est allée droit au cœur.
Est-ce le hasard ? Non sans doute, puisque le moindre accroc à ses devoirs permettrait de tuer ce jeune homme à l’esprit libre, d’autant que la Beleüspâ a prédit à sa naissance qu’il bouleverserait l’ordre établi. Et, si lui l’ignore, ce n’est ni le cas du Dmaârh de Gwonda, ni de son père. Or, on ne remet pas en cause les prophéties de la prêtresse et le peuple, s’il ne sait pas bien qui, se souvient qu’un jour viendra un héros qui délivrera la contrée du Loos’Ahn, mystérieux et invisible dragon qui ravage la vallée tous les neuf ans.
Justement, lors du voyage des emyssârs, le dragon va s’enfuir devant lui. Qu’à cela ne tienne, le Dmaârh de Gwondà va l’envoyer combattre sous les ordres de son fils pour protéger la cité de Mora attaquée par Haaris’khaï.
Mais il n’est pas évident de se débarrasser d’un héros. Aussi, Hegon va-t-il suivre Dennios, qui a beaucoup de choses à lui apprendre sur lui-même et sur le pays d’où il est issu. Il y rencontra d’autres alliances, d’autres ennemis et une tout autre conception du monde avant de revenir chez lui.
Ce roman peut être considéré comme une sorte de préquelle à La Trilogie de Phénix – pour laquelle l’auteur a reçu les prix Cosmos 2000 et Julia Verlanger – qui se situera à Gwondaleya, la ville qu’aura créée Hegon, presque deux mille ans plus tard et dont il sera considéré comme le fondateur divin sous son nom secret, Lakor.
Des longueurs cependant : l’auteur s’y exprime en ardent défenseur de l’environnement et d’une utopie humaniste qui gagnerait à être moins développée, la force du propos n’ayant rien à gagner à la répétition. Mais il s’agit d’une réserve générale qui ne saurait gâcher un roman de lecture agréable.
Éditions FolioSF
699 pages – 7,80€
ISBN : 978-2-07-035921-9