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"Le Voleur des steppes" de Joël Champetier

Se réveiller difficilement, frigorifié et blessé, pour se retrouver dans une cage de fer en suspension avec, pour seuls voisins, une jeune femme délurée dotée de deux paires de bras et de seins et un macchabée fort malodorant, voilà qui est un triste commencement dans la vie. Car c’est bien un commencement. Yarg, si c’est bien son nom qu’il porte en tatouage, n’a plus aucun souvenir de quoi que ce soit. A priori plus aucun avenir non plus. Pourtant, la chance va passer, sous les traits peu aimables d’un vendeur d’esclaves, tout heureux de découvrir de la marchandise toute prête à être cueillie.
Yarg va donc entamer un voyage, fort peu touristique côté confort et nourriture, qui va néanmoins lui permettre, ainsi qu’à ses compagnons, d’être suffisamment ragaillardis pour être vendus à bon prix dès leur arrivée au port. Pour les galères. La jeune femme, Sarouelle, aura du moins un sort plus clément, puisque destinée à la charmante compagnie du prince-capitaine et non à celle du banc de nage.
Qu’on ne s’y trompe pas, c’est en tout bien tout honneur… quant aux galériens, ils trouvent à bord tout le confort d’un vaisseau de pointe, si c’est une consolation que d’être forçats « de luxe ».
De toute manière, le voyage ne va pas durer longtemps – tant pis pour les sympathies qui s’étaient amorcées – et nos deux héros vont se retrouver sous la protection du prince qui les accueillera dans sa splendide capitale et… en route pour de nouvelles aventures.
Il y a là une écriture jubilatoire, parfaitement maîtrisée, avec un petit goût suranné très recherché et des têtes de chapitres remarquablement explicites qui font du Voleur des steppes un roman tout à fait rocambolesque avec des personnages tous plus forcés que nature. C’est drôle, c’est inattendu, ce qui n’exclut pas une réflexion sous-jacente sur « le monde comme il va ».
Après bien des péripéties, Yarg, fugitif vertueux, finira par découvrir malgré tout une partie de son passé et, aussi, son nom mais nous lui donnerions volontiers celui de Candide, de même que certains de ses compagnons pourraient bien porter celui de Pangloss…
Bref, un long roman plein d’un humour très particulier, à lire… sans modération.

— Hélène

Éditions Alire
623 pages
ISBN 978-2-8961-50090

Cibylline

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