« L’échelle de Reuters » de Claude Ecken
Je me demande régulièrement pourquoi on ne voit pas plus souvent d’œuvres de Claude Ecken sur les étals des libraires. Serait-il de ces auteurs difficiles au style verbeux ou trop laconique, dispensateurs d’idées absconses ? Relisez sa biblio ! C’est sans doute parce qu’il est exigeant.
A lire en fin de volume les dates de parutions des nouvelles recueillies ici on constate que la plus ancienne remonte à 2002 – presque un quart de siècle – et la plus récente est de 2019. On pourrait les taxer de vieilleries et pourtant tous les sujets abordés (de l’information au contact avec des civilisations autres) sont toujours là à nous titiller ou non les méninges. Je dirai donc que Claude Ecken sert la SF et lui (re-)donnant son rôle d’éveilleuse des consciences. (Petite digression : en plus d’être trop sombre la couverture de Caza, que l’on a connu plus inspiré, me semble très éloignée de ce qui la suit.)
C’est par ce choix des sujets et l’analyse qu’ils impliquent que se manifeste la première exigence de l’auteur. La seconde est de vous donner à lire un récit prenant, au moins par le fait que le style colle à l’histoire. Conseil de lecture : ne vous arrêtez pas lorsque vous croyez avoir compris où Claude voulait vous emmener… Ainsi pour le premier texte, L’échelle de Reuters (je me permets de vous rappeler que Reuters était une agence de presse), une fois la démonstration faite à propos du traitement de l’information par le logiciel vendu, admirez comment l’auteur retombe sur ses pieds et nous renvoie à nos vigilances (!).
C’est on s’en doute ce double engagement qui dérange, perturbe, agace, mais il me semble être – de plus en plus ? – nécessaire et utile aux lecteurs. Un indispensable recueil.
PS : Pardon ! J’allais oublier – sans doute un effet de l’âge – de vous citer mon texte préféré de ce recueil : La fin de Léthé. Il montre pour moi l’habileté de l’auteur et vous constaterez qu’il ne s’agit nullement de « virtuosité » gratuite.
2025
372 pages, 20 €
Flatland éditeur
