« L’enfant de la prophétie – le livre des mots I » de J. V. Jones
Voici un ouvrage qui ne m’a pas laissée indifférente. Mieux, la curiosité qui me poussait à le commencer, s’est rapidement transformée au fil des pages, en besoin d’en savoir plus, de connaître l’issue de l’histoire, et mon attente a été, tout naturellement, trahie puisqu’il s’agit du premier tome de L’Enfant de la Prophétie ; la fin ne pouvait m’y être révélée.
Alors, on s’interroge, on émet des hypothèses sur le devenir de ces personnages que l’on a découverts.
Il y a là en effet, une impressionnante galerie de portraits et, si la fréquentation de la plupart d’entre eux n’est guère recommandable, ils n’en demeurent pas moins fascinants à des degrés divers :
ainsi, le chancelier du roi, Barralis, champion toutes catégories de l’intrigue, maître en sorcellerie ; le riche Maybor, avide d’encore plus de richesses et prêt à sacrifier le bonheur de sa fille pour assouvir ses ambitions politiques ; Tavalisc, redoutable archevêque qui n’aime rien autant que torturer, humilier (et s’empiffrer !) et asseoir son pouvoir.
Mais, à côté de ces personnages sombres, machiavéliques, se profilent heureusement d’autres personnalités plus estimables: Arinalda, la reine, altière, loyale à son époux et à son rang ; Taol, le chevalier, qui veut accomplir sa mission coûte que coûte ; Melliandra, une jeune noble qui rêve de liberté et d’émancipation, et enfin, Jack, jeune mitron qui se découvre des pouvoirs surnaturels, ô combien troublants.
Chacun poursuit une quête : quête de pouvoir pour certains, quête d’identité, quête de liberté, ou quête de vérité pour d’autres.
Au fil des pages, tous ces personnages évoluent mais en conservant leur part d’ombre, de mystère.
La lecture de cet ouvrage finie, j’avoue que ma curiosité est aiguisée : quel est le fin mot de l’histoire ? jusqu’où ces quêtes conduiront-elles les personnages ? quel(s) lien(s) entre eux ?
Car si certaines pistes ont été données par l’auteur, l’essentiel n’est pas dit et le lecteur est délibérément maintenu dans cette attente.
Sans que l’on puisse encore juger de l’évolution des ouvrages de J. V. Jones, on peut déjà apprécier son style clair, dynamique, bien servi par la traduction qui en a été faite ; j’ai apprécié le rythme qu’elle a insufflé à son récit.
S’il fallait l’illustrer d’une image, je verrais assez bien des cercles concentriques : l’histoire débute dans le passé : Barralis s’introduit, par des souterrains secrets, dans l’appartement de la reine, droguée, afin de l’ensemencer… Le ton est donné d’entrée : suffisamment grave pour retenir l’intérêt, mais avec un rythme assez lent, le temps pour l’auteur de nous présenter différents personnages.
Et puis les cercles se resserrent : le rythme s’accélère, les personnages se rapprochent, leur personnalité s’affine, leurs desseins s’affirment.
On ne peut qu’espérer que la suite de l’Enfant de la Prophétie maintiendra ce tourbillon de cercles qui, en se rapprochant, précipiteront encore le rythme dans lequel seront piégés les personnages et le lecteur, pour arriver au centre du dernier cercle, au coeur de la cible : le dénouement.
Éditions Calmann-Lévy – 478 Pages
ISBN : 2-7021-3619-2