« Les Dimensions fantastiques »
Cette anthologie, présentée par Barbara Sadoul, regroupe un certain nombre de nouvelles de La Dimension fantastique, publication antérieure en quatre tomes.
Histoires fantastiques donc, en majorité issues de la plume d’auteurs tout à fait classiques et bien que les femmes y soient peu illustrées, seulement trois des vingt-six nouvelles, c’est à Marie de France que revient l’honneur d’inaugurer l’anthologie avec Bisclavret. Un joli conte de loup-garou, écrit au XIIè siècle, et étudié par de nombreuses générations d’écoliers. Ce qui démontre que l’attrait pour le fantastique ne date pas d’hier, même si quelques sept siècles se sont écoulés avant que la mode n’en revienne avec force, à la suite d’Hoffmann dont on peut lire ici L’Homme de sable.
L’ouvrage fait donc la part belle à toute une théorie de classiques, Balzac, Gautier, Flaubert, Hugo, Poe et Lovecraft, naturellement, de même que Tourgueniev. Colette aussi, de façon plus étonnante. Les contemporains sont illustrés par Seignolle, Matheson et Bouquet. Je devrais dire Bradbury également mais il fait déjà partie des grands anciens pourrait-on dire.
C’est sans doute ce qui donne à cette anthologie du fantastique une connotation assez « romantique ». À titre personnel, ce n’est pas pour me déplaire puisque le « spectre de nos peurs ancestrales » évoqué par Barbara Sadoul dans sa préface passe ici aussi légèrement qu’une hirondelle. Celle du Prince heureux d’Oscar Wilde, par exemple, un auteur que j’apprécie particulièrement.
J’ai également un faible pour La Cafetière de Théophile Gautier, La Chambre perdue de Fitz James O’Brien et La Montre du Doyen d’Erckmann et Chatrian, dont j’ignorais totalement ce penchant pour le fantastique. Heureuse surprise.
Plaisir aussi à relire L’Orgue du Titan de George Sand et à redécouvrir la plume acérée et cruelle de Saki avec Sredni Vashtar.
Mentions spéciales encore pour Le Vent de Ray Braddury et Le Meneur de Loups de Claude Seignolle.
Mais il ne s’agit là que de goûts personnels. L’ensemble des textes illustre parfaitement le fantastique, tout au moins celui d’une époque particulière. Pas d’horreur pure ici mais des angoisses justes effleurées et, surtout, une langue parfaite. Que les traducteurs en soient remerciés même si tous n’ont pas la notoriété de Baudelaire, parallèlement auteur de la nouvelle Le Joueur généreux.
Joli travail donc qui, s’il n’est pas – et ne peut être – exhaustif, au regard de la production du fantastique, est très propre à en donner le goût ou, assurément, à ne pas en détourner.
Éditions J’Ai lu – Librio
351 pages – 7 €
ISBN : 978-2-290-02220-7