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"Les éveillés" de Jérôme Camut et Nathalie Hug

Au centre du roman, un tueur, « le » tueur, avec tous les attributs classiques : beau, fort, séduisant, malin, mais privé d’affects : il se révélera cruel, impitoyable, sardonique, rempli du sentiment de son invincibilité.

Une jeune femme, Élise, qui sera sa victime, sa « chose », sa « marionnette » : délicate, douce, « un ange », elle a le pouvoir, à travers des visions de lumière et de terribles maux de tête, de tirer du coma les patients de l’hôpital où elle exerce comme infirmière, entièrement dévouée à ses patients. C’est elle qui ramènera le tueur à la conscience. Elle mourra dans d’atroces souffrances.
Un homme, Pierre, qui vient à douter de sa naissance, la recherche et partage sans le savoir les mêmes maux de tête et les mêmes formes de visions – prémonitoires, symboliques – surtout lorsqu’il passe, toujours sans le savoir, à proximité de la jeune femme séquestrée et mourante.
Une autre jeune femme, Salah, sauvée elle aussi du coma par la jeune infirmière, sera le pivot du roman : c’est elle qui partira à la recherche du passé d’Élise, qui rencontrera Pierre qu’elle aimera d’un amour aussi vite anéanti par le destin que fulgurant.
Pour arriver au bout de l’histoire, il faut traverser tous les meurtres qui laissent un sentiment de vide : ils meurent tous, nos héros et les personnages « secondaires », sauf la jeune Salah et Réjane, son amie journaliste.
Il faut saisir une interprétation des rêves originale, inattendue, intéressante, puis une explication d’abord ésotérique puis scientifique des visions de nos deux héros, que l’on découvre atteints d’une maladie mortelle et héréditaire.
Il faut suivre la piste symbolique d’un bijou étrange, attisant un intérêt qui s’égaille dans des chemins où s’imbriquent histoire réelle, légendes initiatiques et contes merveilleux.
Le combat final fait penser à un affrontement de chevaliers, celui du bien et du mal ; on peut regretter le mépris à peine masqué du jeune et fringant sergent pour un supérieur qui prend de l’âge, et la petite guerre entre les polices. Était-ce bien utile ? On s’interroge sur le devenir du château et de la grotte, clé ultime de l’énigme.
Que reste-t-il ? Un enfant, né des amours de Pierre et de Salah, une petite fille qui miraculeusement n’est pas atteinte de la terrible maladie.
On termine ainsi avec les valeurs d’espoir que portent le retour aux sources, à la tradition, à la simplicité, dans le pays de Salah, et l’amour, le plus beau cadeau de la vie…

Se voulant tout à la fois roman policier, fantastique, ésotérique, où ne sont pas négligées des interprétations scientifiques et historiques un peu audacieuses, ce livre sait « accrocher » son lecteur, mais on ressent bien jusqu’à la dernière page que les auteurs n’ont pas vraiment voulu opter pour un genre affirmé, contrariant d’une certaine façon le rythme de l’action entre des plans de réalité différents.

— Kate Ditchburn

Éditions Calmann-Lévy
415 pages – 18,90€
ISBN : 978-2-7021-3899-1

Cibylline

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