« Liberclic » de Serge Cintrat
Irwin est un grand criminel. Arrêté et condamné, on lui donne une chance de rédemption grâce au programme « Punition et Réhabilitation » consistant à rester rivé devant un écran d’ordinateur et incarner un personnage virtuel plusieurs décennies durant. Irwin aura tout le temps de se demander quelle est sa véritable place dans ce miroir aux alouettes pénitentiaire et si Ernesto, son alter ego informatique, est aussi virtuel qu’il paraît.
Cette nouvelle, publiée individuellement dans un mini format (10,5 x14,5 cm), est l’une de la « collection Vagabonde » de Souffle du Rêve, une petite maison d’édition créée par Bernard Henninger. Je ne sais pas ce qu’il en est des grands formats de cet éditeur (un roman, une bd et un recueil de poésie) mais, concernant l’ouvrage qui nous intéresse, on est plus proche du fanzine peu soigné que de l’éditeur un minimum professionnel : massicotage approximatif, illustration kitsch conçue main (merci les logiciels de traitement d’images), impression parfois baveuse.
Pour ne rien arranger, le ramage se rapporte au plumage : l’histoire est incroyablement quelconque. Si le néologisme maladroit du titre ne laissait rien présager de bon, ce récit cotonneux tant sur le fond que sur la forme nous confirme rapidement qu’on n’est pas tombé sur le texte de l’année. L’auteur a une marque de fabrique assez étrange : il consacre tous ses efforts à rester nébuleux et imprécis jusqu’à point final. Ainsi on ne sait pas pour quel crime Irwin est condamné, ses quarante ans d’enfermement passent en une ellipse, personnages et société demeurent vides de descriptions et points de repères, etc… L’encéphalogramme plat pendant les trente minutes que dure la lecture.
Cela étant il est peu probable que beaucoup de lecteurs potentiels parviennent de prime abord à adhérer au prix irréaliste de l’ouvrage.
Éditions Souffle du rêve
22 pages – 2,80 €