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« L’odyssée de l’espèce – Les futurs mystères de Paris III » de Roland C. Wagner

Ayant rendez-vous avec son ami, le Professeur Michel Viard, Temple Sacré de l’Aube Radieuse, plus couramment nommé Tem, est surpris qu’il ne réponde pas à son coup de sonnette. Entrant au Centre par ses propres moyens, il le trouve baignant dans son sang. Sur quoi l’inspecteur Marcellin Trovallec et ses deux acolytes l’arrêtent immédiatement en l’accusant de meurtre. Les avocats mandés par son parrain, Ludwig La Meurthe, l’arrachent aux griffes de l’inspecteur, mais Tem ne s’explique pas pourquoi sa Transparence est en panne dans les parages de Trovallec. Celui-ci est d’ailleurs un personnage intéressant, dont la « conception » remonte, curieusement, aux jours de la Grande Terreur.
Après les deux romans précédents, qui avaient permis de « planter le décor » du cycle « post-apocalyptique » (si on peut dire !) si particulier créé par Roland Wagner, et de familiariser le lecteur avec les personnages sympathiques qui le peuplent, celui-ci passe très nettement à la vitesse supérieure. Les jurys qui l’ont primé (Prix Ozone, Prix Rosny Aîné, Grand Prix de l’Imaginaire) ne s’y sont d’ailleurs pas trompés.
En effet, dans ce roman très documenté, l’auteur décrit la naissance d’une entité maléfique, dès les premiers jours de l’apparition de l’humanité en tant qu’espèce langagière, et donc créatrice de symboles ; puis son éparpillement au travers des différentes migrations et langues humaines, avant sa re-condensation au moment où l’usage très répandu d’une drogue particulière devait lui rendre son nombre originel de « fidèles ». En soi, l’ampleur de cette vision suffirait à donner une bonne idée de l’intérêt de cette histoire. Mais bien sûr, on ne peut s’empêcher de trouver aussi plausible que séduisante cette hypothèse sur la naissance de toute entité divine, même si ce n’est mentionné nulle part dans le roman.
Wagner distille les informations et les indices avec un talent consommé, en alternant éléments d’information et scènes plus légères. Et ces éléments d’information, qui peuvent être touffus, sont parfois énoncés par des personnages loufoques (aya rebelle « à transformation », fantôme archétypal…) afin de divertir, dans tous les sens du terme, le lecteur. Il serait infiniment regrettable que l’humour de Wagner, et son goût immodéré pour les personnages dotés de noms aussi saugrenus que Psilocybe Dupond, empêche le lecteur d’apprécier son érudition, son très réel talent d’écrivain, et la perfection de son usage de la langue française.
Enfin, on dira que ce roman ambitieux et abouti peut parfaitement se lire seul, même s’il vient après deux autres histoires situées dans le même univers.

Éditions J’ai Lu
320 pages – 7€
ISBN : 978-2-290-01234-5

Mureliane

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