Marmites & Micro-ondes n°13
Un numéro porte bonheur pour la fanzine de l’art culinaire ?
Philippe Heurtel livre le n°13 de son fanzine dédié à la cuisine, sous toutes ses formes, surtout les plus aléatoires.
Il a pris lui même en charge la réalisation des « trous normands » qui parsèment ce numéro et en facilitent la digestion. Son reportage « cosmogonie et gastronomie » sur la théorie de la création de l’univers par un FSM (Flying Spaghetti Monster ») vaut, à lui seul, la lecture de ce numéro de M&M. Sa présentation, en 15 lignes, de la littérature de genre « steampunk culinaire », mériterait d’être diffusée dans certaines écoles de journalisme.
La carte proposée, même si elle est d’inégale qualité, est plaisante.
Joyeux anniversaire Duncan (Marion Lubréac)
Marion Lubréac tente de nous allècher par la description de la préparation d’un repas d’anniversaire qui sera servi entre démons.
Le début de la nouvelle est attrayant, me faisant saliver à l’évocation de la manière dont sera cuisiné certain morceau du corps d’un mort.
Malheureusement, la suite de la narration se perd en facilité culinaires et démoniaques (pattes de mouches, ailes de libellules, tripes de porc) qui m’ont parues bien roboratives après la mise en bouche.
Heureusement, le style fluide et frais de Marion sauve cette nouvelle.
Tout est dans le titre (François Schnebelen)
Une idée de nouvelle amusante, autoréférente au fanzine.
Cette narration d’une enquête policière par un détective qui tient plus de Alexandre-Benoit Bérurier que de Philippe Marlow m’a beaucoup plu, même si le style laisse parfois à désirer.
Même si la fin m’a paru un peu faible, « c’est fin, ça se mange sans faim ».
Massacre à l’économiseur (Gaël Briand)
En 400 mots, 2 000 caractères, et une chute, Gaël Briand livre une nouvelle hilarante.
La fraîcheur, la verve et le style ne sont pas sans rappeler quelques unes des meilleures facéties de Fredric Brown.
Un court, mais vrai, moment de plaisir. L’illustration de Sébastien Gollut, servie bien frappée avec la nouvelle, l’accompagne à merveille.
Peau morte (Thomas Desmond)
Une tentative de renouvellement du thème de la folie « possessive ».
Le manque de rigueur dans la continuité narrative (volontaire ou pas, c’est toujours délicat à cerner avec ce type de récit sur la folie) ne m’a pas permis de pleinement accrocher.
La présence de fautes grossières (« Le corbeau ouvra son bec comme s’il voulait parler ») nuit aussi à la dégustation.
Une nouvelle fantastique un peu passe-partout, qui se raccroche tout juste au thème de la fanzine.
Une petite gourmande (Elise Lemay)
J’ai dévoré la nouvelle d’Elise Lemay, un filet de salive glissant au coin de la bouche.
Un rythme enlevé, sans doute un vrai travail de recherche documentaire dans les bibliothèques de cuisine, un style gouleyant, une chute amusante ; tout est fait pour donner envie.
Lisez cette nouvelle et, comme moi, vous ne pourrez plus jamais mettre le couvert sans un sourire. Le vrai dessert de ce n° 13
Sur la trace des conquistadors (Anne Lanièce)
En guise de café, le calme, la sérénité, la douceur… Cette nouvelle se déroule comme une promenade sur un calme ruisseau.
Et puis vient la chute. Une seule phrase, tellement dans le ton, tellement dans le fil narratif qu’on ne la sent pas.
J’ai du la relire à deux fois pour comprendre où Anne Lanièce m’avait emmené.
Et immédiatement, l’envie de relire la nouvelle pour se la remettre en bouche, et en apprécier tout le sel.
Digestion d’entreprise (Jérôme Paul)
Après le café, le pousse café : une courte nouvelle déjà publiée en 2003.
Je l’ai trouvée bien fade. Elle ne méritait pas forcément un deuxième passage de plat
En bonus, pour les tyrosemiophiles, 3 étiquettes de Camembert à collectionner.
Marmite & Micro-onde reste une adresse de la littérature culinaire à recommander.
— Lam’Rona
périodicité : aléatoire
oeildusphinx.com/marmitonde.htm
dernier paru n°13 : Septembre 2005
prix : 2 timbres pour la livraison à domicile
PDF gratuit : 12 pages A4