« Masky » de Viviane Etrivert
Ce livre m’a beaucoup plu… j’aurais eu tort de me fier aux apparences. Car le titre Masky souffre d’un petit air ridicule même s’il était tout à fait approprié au récit de faire référence aux masques. Doublement, puisque le terme vient du bas-latin masca, la sorcière, et qu’il est également question de mascarade traditionnelle du solstice d’hiver. Il serait donc vraiment dommage de risquer décourager le lecteur tenté par la gracieuse illustration de couverture due à Krystal Camprubi.
D’abord, parce que l’écriture est très agréable. On ne peut s’empêcher d’évoquer celle d’Erckmann-Chatrian. Il y a, dans cette histoire qui se déroule en Moravie vers la Renaissance, une « fraîcheur » particulière des personnages qui les rend attachants alors même qu’il s’agit d’une histoire de procès en sorcellerie.
Et de la sorcellerie, il y en a sans doute, mais assurément moins noire que le cœur des hommes qui se prétendent défenseurs de la religion.
Mais comment fermer les yeux lorsque le juge Michna est assassiné en revenant d’un joyeux mariage ?
Un brave homme que le juge Michna mais qui le remplacera ? Voilà bien un sujet d’inquiétude pour Léna, la mère du marié, commerçant prospère prêt à partir en voyage en laissant auprès d’elle sa jeune épouse.
Une vieille famille terrienne, dans laquelle rites anciens et traditions n’ont pas été oubliés. Mais seront-ils de taille à résister à une série de meurtres et aux procès inquisitoires qui vont les suivre ?
Quand on commence à crier à la sorcellerie, même les plus innocents sont en danger et les hommes de science raisonnables ont fort peu de chance d’être entendus comme Jean Bonhomme, médecin de Montpellier, va le découvrir à son grand effarement.
De même qu’il découvrira des cas de possession bien étranges, bien propres à faire douter de sa raison.
Un petit aperçu de la nature humaine, presque « historique » en somme, qui éclaire fort bien une période particulièrement sombre qui a touché toute l’Europe à une époque où la lumière devenait celle des bûchers.
Une petite postface de l’auteur apporte quelques informations bienvenues et sur ce point et sur les croyances qui demeuraient en filigrane de la religion chrétienne. Suit d’ailleurs une notable bibliographie pour les lecteurs qui voudraient en connaître davantage. Une jolie démonstration de fantastique érudit en somme.
Je ne peux que conseiller.
Éditions Argemmios
323 pages – 20 €
ISBN : 978-2-919049-06-6