Onapratut n°1 à 5
Onapratut, acronyme de « On N’A Pas Réussi A Trouver Un Titre », est un fanzine à présent semestriel entièrement consacré à la bande dessinée. Chaque numéro est consacré à un thème particulier en général bien barré. En effet, après le relativement consensuel thème de « la sorcellerie », l’on a pu trouver « le vent », « les grilles d’égout », « les champignons », et en tout dernier « Qui est Dieu (et pourquoi) » ?
#01 : La sorcellerie
#02 : Le vent
#03 : Grille d’égout
#04 : Les champignons
#05 : Qui est Dieu (et pourquoi) ?
Les quatre premiers numéros étaient trimestriels et longs d’une soixantaine de pages. Le numéro 5 a vu un changement, la revue devenant semestrielle, mais à présent reliée plutôt qu’agrafée, et surtout deux fois plus longue. Le format reste du A5 classique, le tout est en noir et blanc, sauf la couverture couleur. Le prix s’est vu ainsi augmenté, passant de 3 € (4 pour le tome 4) à 8 €. Mais, comme je vais m’appliquer à le démontrer, ce fanzine les vaut largement.
Les BD elle-même ont une taille variant entre une et huit pages, et sont d’une grande variété, au niveau graphique comme thématique. La plupart restent dans le domaine de l’humour et du second degré, mais c’est loin d’être une règle sûre et vous serez souvent surpris par des épisodes plus sombres, plus profonds, voire plus poétiques.
Chaque bande dessinée est indépendante, sans feuilletons à suivre qui seraient très frustrants au vu de la périodicité. Cependant, plusieurs auteurs et dessinateurs se retrouvent dans tous les volumes, et certains personnages deviennent des habitués. Ainsi, chaque tome a son histoire de Menzon, de Unter, et ses petits monsieur patates, de Everland, auxquels il faut rajouter ce petit personnage râleur et cynique qui précède d?une page chaque édito cherchant à démonter le thème du numéro.
La qualité semble inégale, mais il faut bien admettre que certaines BD sont très particulières et ne peuvent plaire à tous. Mais la variété et la qualité en général élevée du dessin, des histoires, et même de la maquette, saura probablement séduire le plus grand nombre.
Il faut en effet faire remarquer le niveau quasi-professionnel du résultat. Les couvertures sont alléchantes et claires (excepté celle du 5 dont le dessin ne me convainc pas malgré la nouvelle maquette), le sommaire quelque peu difficile à lire mais originalement placé, et chaque centimètre carré de chaque page est exploité à son avantage.
En sus des BD amateur (mais, je le rappelle, de niveau parfois largement professionnel !), quelques articles émaillent la revue. Des dossiers sur des BD célèbres et rattachées (parfois, je l’avoue, très capillo-tractée) au thème en cours, et des interviews d’auteurs de bande dessinée. Ces articles font en général prétexte, mais il faut bien avouer que les thèmes ne sont pas évidents : allez donc faire un article sur les grilles d’égouts dans la bande dessinée !
Le niveau de ces dossiers me semble plus élevé dans le dernier numéro. Ils sont plus nombreux et mieux développés, mais le thème aide aussi. Les interviews y sont pertinentes, portant sur la place de Dieu dans les oeuvres des auteurs.
Une nouvelle apparaît aussi dans chaque tome (deux dans le dernier). Petits textes clairsemés remplissant deux pages, ils sont divertissants, même si la presque systématique utilisation du monologue qu’ils font peut devenir rapidement lassant.
Si l’on devait préciser le niveau de chaque tome, voilà ce que cela donnerait :
Le premier tome traite de la sorcellerie, thème aussi classique que la couverture aguichante qui l’orne. Pour ce départ du fanzine, les auteurs ont décidé de rester quelque peu consensuels, probablement pour toucher le plus grand nombre dès le début. Le geste est compréhensible, et ne nuit nullement à la qualité de l’oeuvre. Les meilleures BDs y sont celles comiques, à mon goût. Les quelques essais tragiques ou philosophiques ne m’ont pas convaincu, mais leur présence démontre le souci de variété de la revue.
Le deuxième tome a comme thème le vent, thème bien difficile à traiter de façon visuelle, n’est-ce pas ? Ce numéro oscille entre la version bas de gamme des vents, et des morceaux plus poétiques réellement réussis. Mention spéciale pour « La ville du bout des vents », au dessin comme à l’histoire agréables en tout point. Le tout est d’une qualité relativement constante et reste souvent classique dans son traitement.
Le troisième tome est probablement le plus étrange. Son thème portant sur les grilles d’égouts le voue à une série d’histoires plus improbables les unes que les autres. Le problème est que l’on a parfois l’impression de tourner un peu en rond, impression cependant atténuée par quelques perles d’originalité, auxquelles il peut être difficile d’adhérer mais que l’on ne peut pas dénigrer pour autant. Pour un tel sujet, le pari reste réussi haut la main !
Le quatrième tome remporte la palme de la meilleure couverture de fanzine poids moyen, avec ce thème du champignon qui sera tiré dans tous les sens, naviguant parmi les champignons se cachant entre vos orteils et les super héros tout en passant par James Bomb. Ce numéro laisse quelque peu tomber le sérieux pour se consacrer uniquement à l’humour.
Le cinquième tome au thème monumental de Qui est Dieu (et pourquoi ?) amorce le changement déjà annoncé de taille et de fréquence. Ce numéro s’ouvre sur une BD au graphisme impressionnant et assez mélancolique, mais ce n’est que pour mieux préparer la débauche de gags qui remplit le reste du numéro. Dieu est plus accessible lorsque l’on en rit, c’est évident. Le thème, plus large et plus aisé que les précédents, offre un grand nombre de BDs plus abordables à tous et aux qualités encore une fois indéniables.
Donc vous l’aurez compris, je suis pour ma part convaincu par ce fanzine, et je les enjoins à continuer le plus longtemps possible l’expérience ! Je conseille à tous de passer sur leur site onapratut.free.fr/ pour vous faire une idée.
— Nicky
Du tome 1 à 4, environ 60 pages. Tome 5 : environ 110 pages.
Prix : tome 1 à 3: 3 €, 4 : 4 €, 5 : 8 €.
Format : A5
onapratut.free.fr
Actuellement semestriel