"Trames" de Iain M. Banks
Est-il nécessaire de présenter Iain M. Banks et le cycle de la Culture ? Le premier est écossais, écrivain, et alterne les romans mainstream avec la science-fiction. Pour bien dissocier les deux, il signe Iain Banks sans M. les romans de littérature blanche et Iain M. Banks ceux de SF. En SF même, il alterne aussi entre des romans autosuffisants et la Culture.
La Culture, c’est une civilisation humanoïde, plutôt un agrégat anarchique, plus ou moins homogène de quelques dizaines de civilisations humanoïdes qui ont comme point commun d’avoir dépassé le stade d’une économie basée sur la rareté. En clair, quand tout est abondant, des concepts comme l’argent, la richesse ou la pauvreté sont obsolètes. Une autre caractéristique fondamentale de la Culture est d’accorder pleinement sa citoyenneté aux intelligences artificielles ; de fait, elle est globalement dirigée, si tant est qu’on puisse diriger quelque chose comme la Culture (qui ignore la notion de gouvernement et trouve amusante celle de centralisation), par ses Mentats, les puissantes IA au cœur de ses habitats et vaisseaux. Banks a abondamment décrit la Culture, ou plutôt ses relations avec ses voisins immédiats, au cours de six romans.
Trames, donc, ou Matter puisque c’est en version originale que je l’ai lu, est le septième de la série, et pour une fois se consacre surtout à des évènements qui ont lieu en dehors de la sphère d’influence de la Culture.
Sursamen est un monde-gigogne ; un Shellworld, soit un monde artificiel, immense, construit on ne sait pourquoi il y a des centaines de millions d’années par une race aujourd’hui disparue. En pratique, c’est une sphère, creuse, dotée de niveaux que des extraterrestres entreprenants ont aménagés en habitats, les dotant notamment de petits soleils thermonucléaires accrochés aux plafonds. Les huitième et neuvième niveaux sont habités par les Sarl et les Deldeyn, des races humanoïdes au niveau technologique oscillant entre la Renaissance et la Révolution industrielle. Ils sont, surtout, en guerre. Pendant une bataille cruciale, Hausk, le roi des Sarl est assassiné par son bras droit tyl Loesp. Le prince Ferbin, présumé mort au combat mais en réalité témoin du meurtre de son père, prend la fuite. Son frère cadet Oramen est donc propulsé héritier du trône ; tyl Loesp est nommé régent en attendant sa majorité et entend bien qu’il lui arrive un regrettable accident d’ici là.
Ferbin, donc, fuit, accompagné de son valet Holse. Leur objectif : remonter jusqu’à la surface de Sursamen, et là demander aux Nariscene, la race insectoïde en charge de Sursamen, d’intervenir. À défaut, Ferbin demandra à rejoindre sa demi-sœur Djan Seriy, qui a été « vendue » à la Culture en échange d’un transfert de technologie.
On pourrait donc croire que Trames est l’histoire d’une vengeance, d’héritiers légitimes du trône, et de guerres vaguement médiévales. Ce ne serait pas totalement faux, mais ce serait ignorer la dimension la plus intéressante du livre, qui est celle de zoom arrière. Par rapport aux romans précédents : la Culture n’est qu’une civilisation galactique parmi d’autres. Par rapport aux personnages : tout comme Sursamen a une structure en oignon, l’organisation de Sursamen et de la galaxie autour est en couches, en sphères d’influence imbriquées les unes dans les autres. Les Sarl sont dans la sphère d’influence des Oct, eux-mêmes sous tutorat des Nariscene, qui répondent aux Morthanvelds, qui sont de niveau comparable à la Culture voisine. Par rapport à l’intrigue surtout : à chacun de ces niveaux, les gens et les civilisations complotent, manipulent, tirent des ficelles.
On pourra reprocher à Banks d’avoir parfois cédé à la facilité, notamment avec le personnage de Holse (qui est un peu à Ferbin ce que Sam est à Frodon dans un autre roman célèbre). Ou encore que le rythme est mal équilibré entre l’intrigue générale (au déroulement un peu lent) et son dénouement (très rapide). Qu’importe ! C’est vaste, c’est immense, c’est formidablement bien écrit, c’est bourré de clins d’œil amusants (la palme revient aux Oct). On est émerveillé par les structures politiques mais aussi physiques que Banks imagine. Au final, on passe un très, très bon moment à explorer Sursamen et ses environs. Banks est une valeur sûre, et ce n’est pas Trames qui prouvera le contraire.
La Culture, c’est une civilisation humanoïde, plutôt un agrégat anarchique, plus ou moins homogène de quelques dizaines de civilisations humanoïdes qui ont comme point commun d’avoir dépassé le stade d’une économie basée sur la rareté. En clair, quand tout est abondant, des concepts comme l’argent, la richesse ou la pauvreté sont obsolètes. Une autre caractéristique fondamentale de la Culture est d’accorder pleinement sa citoyenneté aux intelligences artificielles ; de fait, elle est globalement dirigée, si tant est qu’on puisse diriger quelque chose comme la Culture (qui ignore la notion de gouvernement et trouve amusante celle de centralisation), par ses Mentats, les puissantes IA au cœur de ses habitats et vaisseaux. Banks a abondamment décrit la Culture, ou plutôt ses relations avec ses voisins immédiats, au cours de six romans.
Trames, donc, ou Matter puisque c’est en version originale que je l’ai lu, est le septième de la série, et pour une fois se consacre surtout à des évènements qui ont lieu en dehors de la sphère d’influence de la Culture.
Sursamen est un monde-gigogne ; un Shellworld, soit un monde artificiel, immense, construit on ne sait pourquoi il y a des centaines de millions d’années par une race aujourd’hui disparue. En pratique, c’est une sphère, creuse, dotée de niveaux que des extraterrestres entreprenants ont aménagés en habitats, les dotant notamment de petits soleils thermonucléaires accrochés aux plafonds. Les huitième et neuvième niveaux sont habités par les Sarl et les Deldeyn, des races humanoïdes au niveau technologique oscillant entre la Renaissance et la Révolution industrielle. Ils sont, surtout, en guerre. Pendant une bataille cruciale, Hausk, le roi des Sarl est assassiné par son bras droit tyl Loesp. Le prince Ferbin, présumé mort au combat mais en réalité témoin du meurtre de son père, prend la fuite. Son frère cadet Oramen est donc propulsé héritier du trône ; tyl Loesp est nommé régent en attendant sa majorité et entend bien qu’il lui arrive un regrettable accident d’ici là.
Ferbin, donc, fuit, accompagné de son valet Holse. Leur objectif : remonter jusqu’à la surface de Sursamen, et là demander aux Nariscene, la race insectoïde en charge de Sursamen, d’intervenir. À défaut, Ferbin demandra à rejoindre sa demi-sœur Djan Seriy, qui a été « vendue » à la Culture en échange d’un transfert de technologie.
On pourrait donc croire que Trames est l’histoire d’une vengeance, d’héritiers légitimes du trône, et de guerres vaguement médiévales. Ce ne serait pas totalement faux, mais ce serait ignorer la dimension la plus intéressante du livre, qui est celle de zoom arrière. Par rapport aux romans précédents : la Culture n’est qu’une civilisation galactique parmi d’autres. Par rapport aux personnages : tout comme Sursamen a une structure en oignon, l’organisation de Sursamen et de la galaxie autour est en couches, en sphères d’influence imbriquées les unes dans les autres. Les Sarl sont dans la sphère d’influence des Oct, eux-mêmes sous tutorat des Nariscene, qui répondent aux Morthanvelds, qui sont de niveau comparable à la Culture voisine. Par rapport à l’intrigue surtout : à chacun de ces niveaux, les gens et les civilisations complotent, manipulent, tirent des ficelles.
On pourra reprocher à Banks d’avoir parfois cédé à la facilité, notamment avec le personnage de Holse (qui est un peu à Ferbin ce que Sam est à Frodon dans un autre roman célèbre). Ou encore que le rythme est mal équilibré entre l’intrigue générale (au déroulement un peu lent) et son dénouement (très rapide). Qu’importe ! C’est vaste, c’est immense, c’est formidablement bien écrit, c’est bourré de clins d’œil amusants (la palme revient aux Oct). On est émerveillé par les structures politiques mais aussi physiques que Banks imagine. Au final, on passe un très, très bon moment à explorer Sursamen et ses environs. Banks est une valeur sûre, et ce n’est pas Trames qui prouvera le contraire.
— Fifokaswiti
Éditions Robert Laffont
Coll. Ailleurs & Demain
600 pages
ISBN : 978-2-221-11133-8