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"Aradia II : Thenser" de Tanith Lee

Suite de l’original et remarquable « Aradia I : Aara », « Aradia II : Thenser » continue avec bonheur sur la voie de l’épopée intimiste. Au programme de ce tome : la circonspecte Aradia et l’impulsif Thenser, une île écrasée de soleil et des cachots ténébreux, de l’amour et des désillusions, de grands idéaux et des manipulations et, surtout, le style insolent de Tanith Lee qui se joue des subtils louvoiements de cette saga en clair-obscur.

Aradia, qui change de pays et de vie comme de patronymes, a désormais un but, un phare pour la guider au sein de son existence sans repères : Thenser, son compatriote et alter ego en accumulation de trahisons et de déconvenues. Thenser, l’homme qui demeure fidèle à ses principes en dépit des ennuis dans lesquels ils l’entraînent. Malgré l’existence chaotique et le voyage erratique de ce dernier, Aradia va faire l’impossible pour repérer sa trace, menant une enquête des plus ingénieuse. Elle finira par le retrouver. En mauvaise posture comme de bien entendu. Et alors que les retrouvailles des deux protagonistes semblent être un aboutissement, rien ne fonctionne comme chacun des amants l’a prévu. Une fois de plus le principe de réalité bouleverse les aspirations romantiques et s’avérera d’une cruauté implacable.

L’héroïne avait déjà beaucoup souffert dans le premier tome. Le deuxième lui est encore plus défavorable, sans qu’aucune situation ne verse dans la gratuité. L’histoire s’enchaîne de manière logique et respecte une sorte de délicat équilibre entre moments de bonheur, passages doux-amers et purs instants de calvaire. À noter l’intéressante perspective offerte par la vie d’Aradia comme « femme au foyer » pendant que son compagnon part à l’aventure sauver le monde à sa manière. On a presque l’impression d’être dans les coulisses d’un roman d’heroic fantasy. Si ce n’est que l’héroïne ne mène pas l’existence légère et insouciante suggérée par ce genre d’ouvrage. Un clin d’œil malicieux de l’auteure à certains archétypes véhiculés par la fantasy et les contes ? Plus généralement, après bien des pages dans la peau d’Aradia et à voir à quel point la vie d’une femme au sein de cet univers pseudo médiéval est étouffante, on en vient à envier l’existence de Thenser, et des autres héros de son acabit, qui ont la possibilité de laisser parler leur épée.

Une saga chaudement recommandable, donc, d’autant que le deuxième tome s’avère traduit de manière plus fluide que son prédécesseur. Dommage que les illustrations de couvertures soient si fades.

— Michaël F.

Collection Points Fantasy
Traduit de l’anglais par Estelle Valls de Gomis
266 pages – 6 €
Isbn : 978-2-7578-0274-8

Cibylline

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