« Ciel Profond » de Patrick Lee
Suite et vraisemblablement fin de L’entité 0247 et de Le pays fantôme, Ciel Profond nous fait vivre les aventures toujours mouvementées du baroudeur Travis Chase et de sa compagne, la scientifique Paige Campbell. La Brèche, cette anomalie spatio-temporelle découverte dans le désert du Wyoming, et les objets futuristes aussi puissants que dangereux nommés entités, qui en émergent régulièrement, sont toujours au cœur d’effroyables complots et l’objet de convoitises aux plus hauts niveaux de l’état.
Le moins qu’on puisse dire de ce troisième volume est qu’il démarre sur les chapeaux de roues : le président des États-Unis est la cible d’un attentat au missile sol-sol et disparaît en même temps qu’une partie de la maison blanche en plein discours à la nation. Or le chef de l’État, outre ses liens d’amitié avec Travis Chase et Paige Campbell, était un ardent soutien et défenseur du centre de recherche de Ville-Frontière sur la Brèche. Avec son décès, plus rien n’empêche les adversaires du programme scientifique de tout faire pour l’anéantir. Comme l’ont montré les aventures précédentes de Chase et Campbell, nombreux en effet sont les puissants peu scrupuleux à voir leurs projets contrecarrés par la Brèche et son ignorance des contraintes de l’espace et du temps.
Mais Travis Chase veille au grain et, en bon émule de Bruce Willis, a montré qu’il était capable de faire face aux situations les plus désespérées. Et il va lui en falloir des ressources pour survivre à cette histoire : fusillades, combat à l’arme blanche à bord d’un avion en vol, course poursuite en Hummer et bombardement aérien, rien ne lui sera épargné.
Comme pour les ouvrages précédents, si Travis Chase est l’acteur principal du récit, c’est une nouvelle fois une entité qui en est le véritable focus et metteur en scène. Nous découvrons donc dans Ciel Profond le fausset, un artefact capable de plonger un individu en transe pour lui faire revivre avec exactitude une période de son passé. Non seulement en la revivant mais aussi en la modifiant afin d’en explorer des alternatives, voire s’en extraire totalement pour voir ce qu’il se passait dans le monde au même moment. Bien que cette entité ait des effets moins spectaculaires que celles des deux volumes précédents, elle va permettre à l’histoire de prendre une tournure vertigineuse que n’aurait pas reniée Philip K. Dick.
Dommage qu’un déchaînement de violence gratuite et un dénouement aussi ostensiblement spectaculaire que peu crédible contrecarrent cette belle initiative de l’auteur. Même dans le registre de science-fiction pseudo-hollywodienne caractéristique de cette trilogie un peu plus de sobriété aurait été de mise. Elle aurait surtout évité l’impression qu’en cherchant à en mettre systématiquement plein la vue à ses lecteurs sans vraiment se soucier de leur suspension d’incrédulité, Patrick Lee ne sacrifiait sa trame sur l’autel de son potentiel commercial. En littérature comme ailleurs le trop est l’ennemi du bien.
Éditions L’Atalante
345 pages – 19 €
ISBN : 978-2-84172-631-8