Coprophanaeus 5 "Mythes aquatiques"
J’ai découvert Coprophanaeus par ce numéro des « Mythes aquatiques ». Je m’attendais à lire des textes contant ou revisitant des aventures de héros légendaires, de personnages extraordinaires, surhumains ou divins du monde de la mer mais en fait le thème du fanzine est plus centrée sur le domaine aquatique, qui semble avoir inspiré en majorité les auteurs, que mythique. Cela aurait pu être regrettable mais la qualité et la diversité des textes choisis compense largement cet état de fait.
Finalement, le premier sursaut de déception passé et la lecture terminée, je tire mon chapeau au comité de lecture pour le travail de sélection qu’il a effectué et à l’équipe éditoriale qui certes, à sorti le numéro en retard, mais qui est pardonnée pour nous avoir rafraîchi au moins en lecture comme il est dit dans l’éditorial
Mais ne tardons plus et entrons dans le vif du sujet.
– Complainte d’une sirène de Patrick Duclos
C’est un texte court qui ouvre la voie de ce fanzine en abordant le thème de la sirène. Que sont-elles devenues, ces ex-stars de la mer ? Vous le saurez en lisant cette charmante nouvelle pleine d’espoir.
– Le Ruisseau de Elyyze
L’auteur a su éviter le piège de ne se focaliser que sur un personnage. Au contraire, il est intéressant de voir comment, dans ce récit, le fantôme et la possédée se mélangent, ne font qu’un, si bien qu’à un moment on ne sait plus qui parle. Et le choix du présent fait par l’auteur a été une bonne idée car cela apporte une petite originalité à la nouvelle et beaucoup de fraîcheur.
– Elégie de l’onde de Amria
L’histoire commence bien, la confrontation entre la sirène désabusée et l’enfant prudente est intéressante. Toutefois, j’aurai préféré que l’auteur approfondisse un peu plus le rapport qui existe entre elles deux. J’ai trouvé que la fin arrivait trop vite, qu’elle était trop facile. Comme quoi une sirène ce n’est pas si malin que ça.
– Suivez le guide de Cindy Van Wilder
Les espèces protégées, les protégeons-nous vraiment ? La liberté n’a-t-elle pas plus de prix que la sécurité ? J’ai lu cette nouvelle d’un seul trait. L’auteur a très bien planté le décor, en quelques mots elle a rendu les personnages de son histoire existants : Je voyais très bien la guide blasée et sa cigarette, les inspecteurs rigides et gonflés de leur importance et le petit Wilau encore naïf et innocent. Bref, pour moi, une nouvelle au caractère très visuel.
– En mg/L de Thimothée Rey. La chute est, selon moi, l’une des particularités du format de la nouvelle. Celle-ci est censée clore le texte en beauté, vous surprendre. Vous savez comme dans les nouvelles d’Asimov où la fin vous fait dire « waow » ? Et bien j’ai retrouvé ce « waow » dans ce texte plein d’humour où la chute m’a conquise.
– Il faut détruire UJJ de Olivier Boile
La malice qu’il y a dans la nouvelle, chez le personnage du conteur, est un délice. Les interruptions des enfants maintiennent le lien avec le lecteur et accentuent l’aspect légendaire de l’histoire. Pour moi c’est une des nouvelles qui est le plus dans le sujet du mythe aquatique grâce à la légende d’une cité détruite et aux personnages (la terre et sa soeur la mer) au caractère extraordinaire.
– Océan des douleurs de Karim Berrouka
Quelle magnifique histoire et quelle belle façon de la raconter ! Dans chaque numéro de fanzine il y a un texte qui vous touche plus particulièrement. Pour moi, ce fut celui là. La poésie qui s’en dégage, l’histoire d’amour fraternelle entre l’esprit de la terre et l’esprit de la mer, la façon dont le thème est abordé, tout cela a fait de cette nouvelle ma préférée.
– La douche de Lucie Chenu
Le ton est moderne, incisif. Le style est parfaitement maîtrisé. Le thème est original. Néanmoins, attention lecteur, car après avoir lu cette nouvelle, vous ne verrez plus les cours d’eau de la même façon. Avis aux pollueurs !
Je ne peux terminer cette chronique sans parler des illustrations du fanzine. Les illustrateurs ont fait un superbe travail, les dessins sont beaux et ils collent parfaitement aux textes donnant un ensemble très cohérent. La couverture en couleur est un petit plus vraiment appréciable. Donc bravo aux illustrateurs pour leur participation car ils contribuent à faire de ce numéro des « Mythes aquatiques » un très bon moment de lecture.
En bref, vous l’aurez compris, ce numéro est soigné, tant par le choix des thèmes : sirènes, phoques, mondes aquatiques, fantômes, fées des eaux, esprit de la mer, ondine, serpent de mer, que par le choix des illustrations. C’était mon premier Coprophanaeus et ce ne sera pas le dernier.
— Tonie
Coprophanaeus
périodicité : bimestrielle
coprophanaeus.fr.st
prix : 2 euros
60 pages n&b