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"Enchantement" d’Orson Scott Card

Une princesse, depuis longtemps endormie, est réveillée par le baiser d’un charmant jeune homme et, du même coup, délivrée du maléfice qu’une méchante sorcière avait jeté sur elle.

Un remake de la Belle au bois dormant ? Certes, la remarque vient immédiatement à l’esprit, mais, très vite, l’auteur marque son originalité par rapport au célèbre conte.

En effet, l’histoire débute au XXe siècle, en Ukraine. Le héros, Yvan, n’est pas un prince, c’est plutôt quelqu’un d’ordinaire : un étudiant de langues anciennes dont le loisir préféré est la course à pied, sport dans lequel il excelle. Au hasard d’une promenade en forêt, il découvre une magnifique jeune femme que rien ne semble pouvoir sortir de son profond sommeil, hormis le baiser qu’il lui donnera et qui sera pour lui le début d’une incroyable aventure car… le voilà propulsé au I x e siècle !
La belle qu’il a libérée, c’est Katerina, princesse de Taïna, pays aujourd’hui disparu mais qui, à l’époque, vivait dans la crainte de la terrible Baba Yaga, affreuse sorcière.

Et l’on ne peut que se prendre d’affection pour ce pauvre Yvan, parachuté dans une autre époque et dans une contrée inconnue, objet de railleries de la part de Katerina et de ses sujets, qui – et pour cause ! – ont des coutumes bien différentes des siennes. Ce décalage permet d’ailleurs à l’auteur de décrire quelques scènes assez humoristiques, comme celle, pour n’en citer qu’une, de la divergence des perceptions de la nudité.

L’ensemble se lit agréablement, mais Enchantement, sous des dehors bon enfant, n’est pas qu’un simple conte.
Il y a bien sûr le côté fleur bleue : le Bien l’emportera sur le Mal, la princesse et son intrépide chevalier moderne se marieront et auront beaucoup d’enfants…
Mais au-delà de ces apparences, Orson Scott Card conduit son lecteur à réfléchir sur les différences de cultures, de religions, sur les mythes et superstitions, et d’une manière plus générale sur les a priori. Sur la politique, il y a aussi matière à réflexion, car à l’époque de Taïna, le roi connaissait parfaitement son peuple : il appelait chacun par son prénom, participait à sa vie, partageait ses peines et ses joies, son travail également. Il est vrai que la population était moins nombreuse…
Evolution, vous avez dit évolution ?

— Psyché

Collection Points Fantasy
Librairie L’Atalante, 2000, pour la traduction française
581 pages – 8, 50 €
ISBN 978 – 2 7578 – 0328 – 8
ISBN 2 – 84172 – 152 – 3, 1ère publication

Cibylline

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