« Fils du ciel – Zhongguo » de David Wingrove
Bien qu’il paraisse sans que la série soit achevée, ce roman, comme Lever du jour sur la montagne de fer (sortie prévue en 2013), peut être considéré comme une préquelle de la très longue série, Zhongguo, consacrée par l’auteur à une Terre dominée par l’Empire des Hans.
Dans un futur bien proche, Jake Reed mène une existence plutôt heureuse avec Peter, son fils adolescent, en dépit de son veuvage récent.
Ce n’est pas que tout soit facile dans ce petit village du Dorset sans eau, sans électricité, sans médicaments et quasiment retourné au moyen-âge mais, du moins, est-ce une petite communauté soudée et capable de se défendre contre d’éventuelles attaques de pillards. Et puis, ce n’est pas comme s’ils étaient les seuls dans cette Angleterre qui a tout perdu et où se rebâtissent de petits fiefs indépendants.
Mais le bonheur est toujours fragile. Voici qu’on entend des rumeurs, que des réfugiés sillonnent les routes, enfin qu’apparait un curieux engin volant frappé d’un dragon.
C’est alors que les souvenirs remontent avec violence à la mémoire de Jake.
Il ne fut pas toujours un paisible villageois. Vingt ans plutôt, il était même exceptionnellement riche et respecté. Un brillant « trader » en quelque sorte, analyste des marchés capable de « voyager » mieux que quiconque dans l’inforama et de rapporter des fortunes à son employeur. Le tout dans un Royaume-Uni à ce point scindé entre riches et pauvres que de réelles barrières isolaient les premiers des seconds plus seulement virtuelles, cette fois, mais physiques.
Quand un monde en arrive à ce point, il suffit d’une légère poussée pour que tout bascule.
La poussée a été donnée par un nouveau dictateur arrivant à la tête de la Chine, intelligent, dément et bien décidé à écraser l’Occident et ceux qui l’ont servi.
À l’époque, Jake a pu s’enfuir et voilà qu’aujourd’hui, quand il l’avait presqu’oublié, le péril l’a rattrapé.
Un livre au sujet duquel je ne peux que formuler un avis mitigé. Il est très agréable à lire. À la fois grâce aux personnages, finement campés, et à cette évocation d’une vie rurale inconfortable mais pleine de simplicité. Il est clair que les adultes s’y sont résignés sans trop d’amertume et que la nouvelle génération n’en rêve pas d’autre.
Les réminiscences de Jake, tant dans l’exercice de son métier qu’au cours de sa fuite, ne sont pas moins riches de couleurs et d’imagination.
Bref, je n’aurais eu à en dire que du bien si un tel manichéisme entre les gentils, quoiqu’irresponsables, occidentaux et les méchants chinois, assurément tous des barbares au service d’une cause injustifiable, n’était pas d’une pauvreté insigne. Une pauvreté d’autant plus remarquable eu égard à la richesse de son traitement. Après des décennies de bons américains contre méchants russes, un vrai changement aurait été bienvenu, surtout quand la plume est à la hauteur.
Éditions L’Atalante
493 pages – 23 €
ISBN : 978-2-84172-595-3