"Jaz Parks s’en mord les doigts" de Jennifer Rardin
Jaz Parks bosse pour la CIA avec un vampire dont le charme ne laisse pas insensible. Ils sont tueurs à gages pour la bonne cause : sauver l’Amérique et le Monde ! Cette fois ils sont confrontés à des terroristes qui veulent répandre un virus meurtrier pour s’emparer du pouvoir sur les ruines de la civilisation.
La série Jaz Parks, dont Milady sort ici le premier volume, fait partie de ces très nombreuses séries nées suite au succès des aventures de Anita Blake, la tueuse de vampires de Laurell K. Hamilton (bientôt reprises par le même éditeur, avec des inédits). Ce courant littéraire, nommé Bit-lit, nous présente le plus souvent une héroïne forte (de caractère mais aussi physiquement ou en possession de pouvoirs surnaturels) luttant contre les forces du mal dans un monde peuplé de vampires, loups-garous et autres créatures de la nuit. La série géniale de Joss Whedon, Buffy contre les vampires, relève du même genre, mélange de fantasy urbaine et d’horreur. Des films comme Underworld et Bloodrayne en sont aussi des cousins. Bragelonne et sa filiale semblent vouloir s’investir dans cette littérature de romance et d’action jusqu’ici ( à part les Anita Blake chez Terreur ou La Vampire de Christopher Pike) réservée à des collections à visée féminine (Crimson city, chez J’ai lu pour elle, par exemple). Même s’il est bien entendu qu’une bonne série du genre, la plupart du temps écrite par des femmes, s’adresse tant aux hommes qu’aux femmes.
Prétendre le contraire serait aussi absurde qu’affirmer que Buffy est réservée aux adolescentes.
Bragelonne a ainsi sorti des romans de Kelley Armstrong et Kim Harrisson, tandis que Milady s’engouffre aussi dans la brèche avec Mercy Thomson (L’appel de la lune) et Jaz Parks. Le concept Bit-Lit peut sembler novateur, mais c’est à relativiser. Dans l’espionnage par exemple, l’autre genre dont se réclame Jaz Parks, les femmes d’action existent depuis longtemps : citons la célèbre ModestyBlaise.
Nettement influencée par Anita Blake, notamment dans l’écriture à la première personne et dans l’humour omniprésent, Jennifer Rardin a pour ambition évidente de suivre la même route que L.K Hamilton. Jaz Parks 1 est ainsi un cocktail de drôlerie (à vrai dire envahissante : TOUT y est prétexte aux incessants bons mots de l’héroïne, qui est aussi narratrice), d’action (correctement troussée, mais trop sporadique) et de romance (Jaz Parks tombe amoureuse d’un humain et de son partenaire vampire).
Comme pour Anita Blake (et comme pour une bonne partie de la littérature populaire actuelle), le gros défaut de ce premier tome est sa longueur : 440 pages pour une histoire très moyenne, sans grande originalité ni attrait, c’est beaucoup trop. Les personnages sont sympas, sans plus, mais l’intrigue, trop délayée, ne méritait pas plus de 200 pages. Cela peut paraître cruel, mais pas tant que ça : plus court, le roman aurait été vraiment bon. Là il n’est que relativement agréable et ne secoue le lecteur que dans sa seconde moitié. Le final très mouvementé est à ce titre réussi : horrible et spectaculaire, avec un très beau monstre. Les scènes d’action sont assez nombreuses et toujours correctes (avec un plus pour le long et violent flash-back digne de John Carpenter où l’héroïne voit ses partenaires et amis massacrés par des vampires) mais tellement noyées dans un océan de bavardage et de répliques ironiques qu’elles semblent infiniment plus rares qu’elles ne le sont en réalité. Et elles sont pourtant le principal intérêt du livre…
Car Jaz Parks est avant tout une série d’action fantastique, tendance espionnage. Le mélange est intéressant et semble à la mode depuis quelques années (Le bureau des atrocités et sa suite, L’homme au torque d’or et ses suites, Descendance de Graham Masterton). Le thème fascinant des tueurs à gages, si couru dans le polar, fut quant à lui mêlé à celui des vampires dès 1981 avec Contrat pour un vampire.
Contrairement à Simon R. Green ou Charles Stross, Jennifer Rardin semble plutôt suivre la voie tracée par Alias que par James Bond (même si Jaz use d’un walther PPK !). Comme ses deux célèbres devanciers, notre tueuse dispose de gadgets, hélas bien peu créatifs.
À la différence de Ian Fleming (son livre pour enfants est cité dans ce roman très référentiel), Jennifer Rardin soigne hélas très peu ses méchants. Ils sont trop nombreux et trop mal caractérisés pour intéresser le lecteur. Leur potentiel est inexploité. C’est à vrai dire le second gros défaut de Jaz Parks s’en mord les doigts (quel titre ignoble !). Dommage. Espionnage post-11 septembre oblige (l’attentat du World trade Center est évoqué), c’est encore un terroriste arabe qui est dans le coup (mais pas musulman puisqu’il vénère une déesse démoniaque qui apparait à la fin).
Il ne reste qu’à souhaiter des épisodes plus courts et incisifs, ainsi que des méchants mieux développés, à une série qui s’annonce malgré ces réserves plutôt sympathique.
Prétendre le contraire serait aussi absurde qu’affirmer que Buffy est réservée aux adolescentes.
Bragelonne a ainsi sorti des romans de Kelley Armstrong et Kim Harrisson, tandis que Milady s’engouffre aussi dans la brèche avec Mercy Thomson (L’appel de la lune) et Jaz Parks. Le concept Bit-Lit peut sembler novateur, mais c’est à relativiser. Dans l’espionnage par exemple, l’autre genre dont se réclame Jaz Parks, les femmes d’action existent depuis longtemps : citons la célèbre ModestyBlaise.
Nettement influencée par Anita Blake, notamment dans l’écriture à la première personne et dans l’humour omniprésent, Jennifer Rardin a pour ambition évidente de suivre la même route que L.K Hamilton. Jaz Parks 1 est ainsi un cocktail de drôlerie (à vrai dire envahissante : TOUT y est prétexte aux incessants bons mots de l’héroïne, qui est aussi narratrice), d’action (correctement troussée, mais trop sporadique) et de romance (Jaz Parks tombe amoureuse d’un humain et de son partenaire vampire).
Comme pour Anita Blake (et comme pour une bonne partie de la littérature populaire actuelle), le gros défaut de ce premier tome est sa longueur : 440 pages pour une histoire très moyenne, sans grande originalité ni attrait, c’est beaucoup trop. Les personnages sont sympas, sans plus, mais l’intrigue, trop délayée, ne méritait pas plus de 200 pages. Cela peut paraître cruel, mais pas tant que ça : plus court, le roman aurait été vraiment bon. Là il n’est que relativement agréable et ne secoue le lecteur que dans sa seconde moitié. Le final très mouvementé est à ce titre réussi : horrible et spectaculaire, avec un très beau monstre. Les scènes d’action sont assez nombreuses et toujours correctes (avec un plus pour le long et violent flash-back digne de John Carpenter où l’héroïne voit ses partenaires et amis massacrés par des vampires) mais tellement noyées dans un océan de bavardage et de répliques ironiques qu’elles semblent infiniment plus rares qu’elles ne le sont en réalité. Et elles sont pourtant le principal intérêt du livre…
Car Jaz Parks est avant tout une série d’action fantastique, tendance espionnage. Le mélange est intéressant et semble à la mode depuis quelques années (Le bureau des atrocités et sa suite, L’homme au torque d’or et ses suites, Descendance de Graham Masterton). Le thème fascinant des tueurs à gages, si couru dans le polar, fut quant à lui mêlé à celui des vampires dès 1981 avec Contrat pour un vampire.
Contrairement à Simon R. Green ou Charles Stross, Jennifer Rardin semble plutôt suivre la voie tracée par Alias que par James Bond (même si Jaz use d’un walther PPK !). Comme ses deux célèbres devanciers, notre tueuse dispose de gadgets, hélas bien peu créatifs.
À la différence de Ian Fleming (son livre pour enfants est cité dans ce roman très référentiel), Jennifer Rardin soigne hélas très peu ses méchants. Ils sont trop nombreux et trop mal caractérisés pour intéresser le lecteur. Leur potentiel est inexploité. C’est à vrai dire le second gros défaut de Jaz Parks s’en mord les doigts (quel titre ignoble !). Dommage. Espionnage post-11 septembre oblige (l’attentat du World trade Center est évoqué), c’est encore un terroriste arabe qui est dans le coup (mais pas musulman puisqu’il vénère une déesse démoniaque qui apparait à la fin).
Il ne reste qu’à souhaiter des épisodes plus courts et incisifs, ainsi que des méchants mieux développés, à une série qui s’annonce malgré ces réserves plutôt sympathique.
— Patryck Ficini
Éditions Milady
8 € – 443 pages
ISBN : 978-2-8112-0024-4
ISBN : 978-2-8112-0024-4