« La Comtesse des neiges – La Chronique des immortels VI » de Wolfgang Hohlbein
Andrej, le mercenaire vampire, retrouve la trace de son amour perdu dans une région en proie à la peur. Maria et la comtesse des neiges semblent n’être qu’une seule et même personne. Cette même comtesse qui est accusée par les villageois d’enlever des jeunes filles pour, peut-être, se repaître de leur sang. Affaibli, égaré par son amour, Andrej aura fort à faire pour démêler le vrai du faux dans cette histoire où les apparences peuvent s’avérer extrêmement trompeuses… D’autant qu’il aura maille à partir avec Blanche, le très inquiétant garde du corps de la comtesse.
Wolfgang Hohlbein est un grand romancier populaire et un maître du fantastique allemand. S’il peut décevoir (Le crépuscule, quatrième tome de la Chronique des immortels, échoue à créer une véritable atmosphère d’angoisse), si certains pourront lui reprocher une tendance à la facilité (sa saga vampirique est bourrée à craquer de duels effrénés), force est de reconnaître que son écriture plus qu’efficace et d’une certaine beauté emporte l’adhésion.
Hohlbein est un vrai conteur, qui sait accoucher d’une ambiance en quelques paragraphes, ou au contraire accélérer sa narration pour couper le souffle à son lecteur. Romancier à la production imposante, comme les grands anciens du Fleuve Noir, il maîtrise parfaitement l’art de raconter une histoire sans fioriture. L’auteur germanique a fait ses premières armes en pondant des fascicules populaires en tous genres (western, horreur), forme de littérature qui perdure encore en Allemagne après avoir connu des décennies florissantes. On sent l’écrivain capable d’écrire beaucoup, vite et bien, à la manière des auteurs de pulps américains.
Ce sixième tome de la Chronique des Immortels est passionnant de bout en bout. Moins axé sur les combats que le précédent (deux seulement, absolument spectaculaires), La comtesse des neiges mise sur l’ambiance lourde et étouffante à tous crins, avec ses décors enneigés, les relations conflictuelles entre villageois et les disparitions mystérieuses de jeunes filles. On pense, et c’est voulu, à la comtesse Bathory, archétype historique de la femme vampire qui se baignait dans le sang des vierges pour conserver la jeunesse éternelle. Évidemment, en réalité, l’aristocrate était plutôt une grande tueuse en série…
Andrej et son ami Abou Doun sont confrontés cette fois encore à forte partie (d’autant qu’ils sont plus affaiblis qu’à l’habitude). Au bout d’une cinquantaine de pages, ils affrontent le grand méchant (une sorte de super vampire millénaire et métamorphe) et risquent vraiment d’y laisser leur peau. Blanche, d’une classe affolante, est un adversaire difficilement oubliable. D’ailleurs, n’est-ce pas lui qui parvient à tuer Abou Doun, le colosse vampire, à la grande tristesse de son ami Andrej ? La découverte du corps de l’ancien marchand d’esclaves est émouvante, même si le survivant n’est pas au bout de ses surprises. Blanche se révèle plus d’une fois un maître de l’illusion. On ne sait jamais sur quel pied danser dans ce récit plus complexe qu’il n’y paraît.
Impossible de ne pas citer aussi le combat final, superbe, contre une araignée géante.
Au rayon émotions, Andrej retrouve enfin son aimée, dont le souvenir le hante depuis une cinquantaine d’années. La jeune femme est la comtesse de sang (le titre allemand !), transformée en vampire par son garde du corps Blanche, faux sous-fifre et vrai antagoniste majeur. Les retrouvailles un peu difficiles des deux amants nous valent de belles pages : Hohlbein sait jouer de toutes les émotions.
La comtesse des neiges est violent, romantique et inquiétant : c’est un sacré bon roman de dark fantasy qui donne envie de lire la suite. La saga de Hohlbein compte une dizaine de volumes en version originale et n’est pas achevée…
Éditions L’Atalante
349 pages
ISBN : 978-2-84172-488-8