« La Porte perdue – Les mages de Westil I » d’Orson Scott Card
Voici le premier tome d’une nouvelle série de l’auteur.
Pas si nouvelle que ça puisqu’on y retrouve les thèmes qui lui sont chers, en particulier celui d’un adolescent à la recherche de soi. Mais agréablement nouvelle dans la magie qui la sous-tend.
Les dieux, oui, ces dieux mêmes sur lesquels nous avons bâti toutes nos merveilleuses mythologies, n’en sont pas. Simplement des mages venus du monde de Westil et dotés de pouvoirs très supérieurs pour les simples humains. Pourtant, si supérieurs soient-ils, ils furent voici longtemps bloqués dans notre monde par la malice de Loki. C’est lui, en effet, qui a définitivement bloqué les portes par lesquelles ces mages passaient régulièrement de leur monde dans le nôtre. Des allées et venues généralement catastrophiques dont le souvenir perdure dans les récits de guerre des dieux.
Ainsi pourrait-il passer pour un bienfaiteur aux yeux de l’humanité si celle-ci en avait la moindre conscience, mais ce n’est pas le cas.
Ce n’est pas que ces dieux restés coincés ici aient perdu tout pouvoir mais ceux-ci s’affaiblissent au cours des siècles. Aussi leurs familles vivent-elles en autarcie et plus ou moins recluses, tout à la fois pour ne pas affaiblir leurs capacités et pour éviter les humains, leurs adorateurs d’autrefois, donc par nature inférieurs. Autant dire que les enfants sont éduqués par leurs aînés et encouragés dans leurs dons particuliers. Allusion très transparente aux Mormons qui les rend d’autant plus étrangers.
Danny North vit en Amérique, dans cette communauté issue des dieux norrois. Mais bien que ses parents, souvent absents, soient les plus puissants d’entre eux, il ne semble disposer d’aucun pouvoir particulier, à la grande déception générale.
Pourtant, il échappe bien aisément aux corrections qu’il mérite parfois. Aurait-il des affinités avec les portes ? L’unique talent qui voue ses porteurs à la mort, aucune famille ne voulant se risquer à une nouvelle rencontre avec ceux de Westil.
C’est ce que pense la famille des Grecs qui débarque chez eux à l’époque de Noël, une de ses filles ayant « l’intuition » des portes qui s’ouvrent.
Danny ne va avoir d’autre choix que de s’enfuir sur les routes américaines pourchassé par les « dieux » eux-mêmes. Bien des rencontres à venir, dont certaines ne sont pas parmi les meilleurs exemples à suivre. L’adolescent, sans doute victime, n’est pourtant pas un modèle de qualités. Voleur, menteur, rusé ; les ressemblances avec Loki sont grandes. Peu sympathique en somme.
Le cadre est ainsi posé et c’est donc Danny que nous suivrons principalement tout au long du volume.
Mais, parallèlement, a surgi en Westil un autre adolescent. Né d’un arbre, pourrait-on dire, et dans lequel il a dormi d’un très long sommeil. Et il possède aussi la magie des portes, mais avec la force naturelle de ce monde de magie. Un monde semi moyenâgeux d’où sont bannis certains types de magie et où il va trouver abri, sous le sobriquet de Boulette, auprès de la maîtresse des cuisines du château puis devenir d’une certaine façon le protecteur de la reine.
Moins de chapitres lui sont consacrés, ce qui est bien dommage car l’auteur créé ici une magie particulièrement originale.
Celle des portes, notamment, qui fait le lien à la fois entre les deux histoires et les deux mondes.
Une inventivité qui fait de ce roman une lecture agréable dont j’aurai plaisir à découvrir la suite même, si, à mon sens, ce n’est certainement pas le meilleur qu’ait écrit l’auteur.
Éditions L’Atalante
413 pages – 21 €
ISBN : 978-2-84172-560-1