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"La Sorcière grise – Les Chroniques de la Guerre de Lodoss – Tome I" de Ryô Mizuno

Bien qu’elles paraissent ainsi pour la première fois, on ne saurait dire qu’il s’agisse d’une nouveauté tant les Chroniques de la Guerre de Lodoss, écrites à la fin des années 80, ont pris un petit air de « classique », notamment auprès des amateurs de manga.

Nous sommes là dans l’heroic fantasy la plus traditionnellement calquée sur le jeu de rôles : une compagnie de très jeunes gens qui vont se joindre par amitié ou par désir d’aventure dans la quête de Parn, le guerrier ; l’apprenti-guerrier, du moins, qui ne rêve au départ que d’en découdre avec des gobelins, nouvellement installés pour leur malheur dans le voisinage, et réhabiliter l’honneur de son père mort, dit-on, dans la honte.
Par chance, Edo, son ami, est prêtre et guérisseur ; il va donc l’accompagner, ces fonctions ne le rendant guère plus sage. Grâce à Filmar, toutefois, le chef du village de Zaxxon, nos deux jeunes héros ne partiront pas seuls. Slayne le magicien et Ghim, le nain qui était alors son hôte et cherche, partie par affection, partie par reconnaissance, la fille disparue de la prêtresse de Marfa, les accompagneront. Il ne leur restera plus qu’à croiser sur leur chemin une jeune elfe, Deedlit, et un voleur, Woodchuck, pour que le groupe soit complet avant le début de la partie puisque c’est exactement cela.
La guerre recommence, en effet. La paix s’étant étendue sur Lodoss une génération auparavant grâce à l’intervention des Six Héros vainqueurs, qui ont emprisonné les démons, ne saurait durer davantage. C’est que l’un des Six, Beld, après avoir soumis l’île des ténèbres, Marmo, et s’en être proclamé souverain s’est tourné vers le mal à la suite d’une malédiction aussi obscure qu’indéfinie et entend conquérir tous les autres royaumes.
Nos six nouveaux futurs héros vont donc se heurter d’abord à la très puissante sorcière Karla dont ils ont voulu barrer le chemin pour délivrer la jeune fille qu’elle tenait prisonnière. Ils rejoindront ensuite l’empereur Fawn, ancien compagnon de Beld, et ses Chevaliers Saints, remparts tout désignés contre l’avancée du Mal.
Seulement, la sauce ne prend pas. Beaucoup d’imagination. Une belle partie de jeu, mais simplement une partie de jeu, dont les personnages sont bien inconsistants et fort peu crédibles. C’est une chose qu’un jeune guerrier plein de fougue et de force, c’en est une autre qu’un magicien puissant dont les grands pouvoirs ont eu le temps de se développer… deux ans !
Un scénario, si plein de rebondissements soit-il, surtout lorsque ceux-ci sont tellement prévisibles, cela ne fait pas un livre ou alors il y faut un très grand talent. Ce n’est pas le cas ici ou, du moins, le talent est là mais pas celui de l’écriture. On ne saurait reprocher à un style de ne pas s’encombrer de fioritures mais le dépouillement n’est pas toujours synonyme d’élégance.
Il est vrai qu’une traduction peut parfois sauver un livre ou le perdre mais, tel quel, celui-ci ne saurait être conseillé qu’à de très jeunes amateurs de jeu de rôle. C’est bien dommage, surtout lorsqu’on se faisait un plaisir anticipé de cette parution.

— Hélène

Éditions Calmann-Lévy
ISBN n° 2702136532
239 pages – 20€

Cibylline

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