« Le Dernier voyage de l’Albatros – Les Mondes de glace I » de Marc Feuermann
Une aventure qui s’ouvre sur une image. Debout à l’avant de l’Albatros, sans doute le plus vieux cargo encore en service, et certainement le seul indépendant, l’amiral Tulk est en train de scruter le ciel. Le calme ciel aux nuées bleues qui s’étend sous son navire et dont ses capsules de plongée ne remontent toujours pas.
De quoi être inquiet, surtout quand un de ces plongeurs n’est autre que Bill, un adolescent recueilli à Messina, quasiment son fils. Parce que le vieil Alphonsius Tulk, si son fort caractère lui a valu le respect, ne manque pas de cœur, et son Albatros à quelque chose du dernier refuge des enfants perdus.
C’est bien pour cela que Vic – un des protagonistes et narrateur – cherchera à y embarquer avec son ami Alex, gouverneur de la petite planète Ariel, lorsque leur situation se révélera militairement intenable.
Car Ariel est sous la protection de la puissante Confédération terrienne, qui est loin, tandis que Narcisse, ancien gouverneur de Titania, est tout près, lui. Et il s’est auto-proclamé Empereur des Mondes Unis d’Uranus en commençant à envahir ceux-ci méthodiquement.
Il est d’emblée fort clair que les progrès techniques de l’humanité lui ont permis de coloniser nombre de planètes du système solaire. Une Grande Expansion qui s’est accompagnée d’une assez longue période de paix. Et tout aussi clair qu’il faudrait bien davantage pour changer la nature humaine.
Ainsi, et c’est déjà remarquable, la Terre a-t-elle été capable de se fédérer en six états, dont les gouverneurs, élus par les peuples, se réunissent en conseil présidé par un/e des leurs.
Un rôle qui n’est pas de tout repos estime l’actuelle présidente, Virginia Enora. Quand il faut faire face au terrorisme Gaïan qui entend stériliser les terriens qu’il trouve trop nombreux. Quand chacun entend mener ses propres ambitions et alliances alors même que l’expansionnisme d’un Narcisse menace la paix. Quand, enfin, c’est le puissant et incontournable Atama qui, non content de se considérer comme empereur de Mars, vient vous donner des leçons de diplomatie au sujet d’Ariel, c’est vraiment trop.
La partie n’est donc pas bien engagée. Mais, en acceptant Alex et Vic à son bord, Tulk et son Albatros vont bouleverser le jeu des pièces. Et le vieil amiral, même empêché de revendre sa cargaison d’hydrogène comme il l’entend et pris en chasse par un croiseur armé, est un rude joueur.
Il n’est d’ailleurs pas le seul, d’autant que de mystérieux comploteurs « alphabétiques » se sont joints au divertissement… sans compter un « je », plus mystérieux encore, qui y assiste sans s’y mêler encore.
Poursuite des uns et stratégies des autres vont nous amener à voyager dans une bonne partie du système solaire. Un système cohérent, raisonnablement simple va-t-on dire, qui permet à l’auteur d’exposer sans y toucher ses vues sur la nature humaine et sur l’environnement.
Un joli livre « jeunesse » en somme : les personnages sont assez fins, plutôt sympathiques, l’histoire également, ainsi que sa chute, ce qui en fait une lecture plutôt agréable, d’autant qu’un joli papier et une police lisible ne gâchent rien. Un bémol, malgré tout, et gênant : l’absence de relecture sérieuse car, si l’on peut passer sur quelques coquilles, il n’en va pas de même pour la grammaire, même en considérant qu’elle évoluera en même temps que la conquête spatiale et qu’il s’agit d’un tout premier roman. Dommage.
Éditions Dédicaces
306 pages
ISBN : 978-1-77076-096-7