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"Les Chaînes du dragon" de Patricia Briggs

Une belle promenade gâchée pour Stolon d’Hurog puisque ses cousins ont eu la désagréable idée d’importuner sa sœur qui s’est enfuie dans les égouts du château. Il ne va pas lui être facile de la récupérer dans ces boyaux étroits et sales mais, du moins, s’ils sont tous deux en retard pour déjeuner, sa sœur n’essuiera-t-elle pas seule la colère de leur père. C’est que Fenwig, le hurogmestre, n’est pas un père tendre, ni pour sa fille, muette, ni pour son idiot de fils et pas davantage pour son épouse qui s’est refugiée dans le rêve et la drogue. Mais Stolon, même s’il a la carrure d’un bœuf, est loin d’être idiot même si c’est la seule parade qu’il ait trouvée aux brutalités de son père.

Or, en retrouvant sa sœur, Stolon va faire une extraordinaire découverte. Au cœur des souterrains et des égouts gît un squelette de dragon. Le squelette d’un dragon qui fut enchainé et torturé, une abomination aux yeux du jeune homme dont la longue lignée se prévaut de la protection des dragons, c’est le sens même de ce nom d’Hurog. Une autre découverte l’y attend, le fantôme du château, Oreg. Et, lorsqu’avec l’aide de celui-ci, il va réintégrer ses quartiers, ce sera pour découvrir son père mourant ; ce qui ne serait pas à proprement parler un chagrin s’il n’avait confié sa succession, momentanément au moins, à son frère Barbarin plutôt qu’à ce fils qu’il méprise.
C’est un sort que Stolon, qui est honorable, aurait pu accepter si des seigneurs voisins n’étaient venus lui réclamer une esclave en fuite, « oubliant » qu’il n’est aucun esclave à Hurog.
Il n’aura donc d’autre solution que la fuite, avec quelques fidèles et cette curieuse esclave, magicienne, dans l’espérance de conquérir au moins une renommée de soldat. Juste le temps de récupérer son jeune frère qu’il avait éloigné, hors de portée de son père, et le voilà déjà confrontés à des bandes de brigands. Mais si ceux-ci mettent à sac les villages en massacrant leurs habitants, ce ne sont pourtant pas des pillards ordinaires.
Voilà une histoire originale et bien menée, encore que la différence de style entre les passages narratifs et le langage particulièrement familier de Stolon, qui raconte les faits au présent, soit un peu déroutante.
Le livre se suffit à lui-même, néanmoins une suite : le sang du Dragon, est annoncée et c’est une histoire que je suivrai volontiers.
Le tout avec, en prime, une couverture particulièrement belle et sobre, due au talent d’Amandine Labarre.

— Hélène

Éditions L’Atalante
415 pages – 20€
ISBN 978-2-84172-450-5

Cibylline

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