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« Les Virus de L’ombre » de Hicham Charif

Dans un avenir proche, où les progrès en informatique et téléphonie mobile ont fait un notable bond en avant, le jeune Neo a presque tout pour être un adolescent heureux – en dehors d’un père absent et d’un prénom de fan de Matrix : une mère aimante, un train de vie aisé, de l’intelligence à revendre et surtout Fred, un ami fidèle doublé d’un génie en herbe, et Soraya, la plus belle fille du lycée qui lui fait les yeux doux. Jusqu’au jour où il est victime de deux virus aussi étranges qu’inconnus, l’un informatique, l’autre biologique. Qui pourrait lui en vouloir à ce point ? Et pour quels mobiles ? Commence alors une enquête haletante où, en compagnie de Fred et Soraya, il va découvrir que non seulement sa vie est en danger mais peut-être bien aussi celles de milliers de personnes.

« Les Virus de l’Ombre » a la particularité d’être un roman jeune à plus d’un titre : roman destiné à un public adolescent, première publication de son auteur, jeune maison d’édition.
Et son tour de force est que pratiquement rien ne le laisse deviner.
D’une part, le récit, s’il se révèle habilement didactique, met en scène des lycéens et aborde certaines thématiques typiques de cet âge (les relations amoureuses, le rapport complexe avec les parents, le sentiment d’être seul et incompris…), est suffisamment ouvert et lumineux pour être accessible à un large public. En tout cas, j’ai déjà lu des ouvrages pour adultes qui n’avaient pas sa maturité. Il est d’ailleurs à la fois intéressant et ironique de constater que si actuellement les littératures de l’imaginaire choisissent de sur-représenter la fantasy, le bastion science-fiction/anticipation est encore bien défendu par les éditeurs jeunesse (Le Navire en Pleine Ville, Mango Jeunesse…). Tirez-en les conclusions que vous voulez.
D’autre part, il est difficile de croire que ce livre est le premier de Hicham Charif. L’auteur fait la démonstration d’un tel sens du récit, d’une telle efficacité dans la narration et nous livre une histoire qui, sans être spécialement renversante, tient à ce point ses lecteurs en haleine qu’il est ardu de la faire durer plus de deux jours, qu’on ne peut que frissonner d’excitation en songeant à ce que seront ses œuvres plus expérimentées.
Enfin, le Navire en Pleine Ville, maison d’édition ayant appareillé depuis peu, n’a déjà rien à envier à ses aînées : maquette irréprochable, ouvrage broché aussi agréable et solide que de prix abordable, correction/relecture sérieuse (une seule coquille à déplorer). Il serait dommage de passer à côté de cette collection sous prétexte qu’elle est récente ou qu’elle s’adresse principalement à de jeunes adultes.

Bref, malgré mes a priori de lecteur blasé vis-à-vis de la littérature jeunesse, je ne peux que m’incliner devant la bonne surprise en forme de révélation que constitue cet ouvrage.
Je ne saurai trop vous recommander de trouver le prétexte d’un cadeau à un adolescent de votre entourage pour pouvoir y jeter un œil.

Éditions Le Navire en Pleine Ville
ISBN : 978-2-916517-07-0
300 pages – 13,50€

Michaël F.

Michaël F.

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