"L’Oiseau moqueur" de Sean Stewart
Une première… puisque l’auteur n’a jamais été publié en France et c’était bien dommage.
Il y a un petit côté Garcia Marquez dans cette plume alerte et foisonnante qui va nous éclairer sur les états d’âme d’Antoinette (Toni) Beauchamp tout au long de sa grossesse.
Car voilà l’histoire d’une grossesse décidée.
Parce que, tant qu’à faire, lorsque l’on vient de perdre sa mère, sorcière à coup sûr et déjantée encore bien davantage, et qu’on a eu à peine le temps d’être tout à la fois chagrinée et soulagée, avant de se retrouver avec ses dons sur les bras, son père, sa sœur et sans petit ami, pourquoi pas ?
De toute manière, la procréation assistée, ça existe et ça permet de chercher un père tranquillement après. Il faut dire qu’en héritant non seulement des dettes de sa mère mais encore de ses dieux – « ses Cavaliers » qui la chevauchent quand bon leur semble en lui laissant la nausée et en lui faisant faire n’importe quoi –, c’est pas gagné d’avance. Évidemment, c’est cher aussi… mais pas trop quand on a un joli petit salaire qu’on vient de claquer en fringues sous l’emprise de l’un de ces dieux… Dommage que ce soit à la veille d’être licenciée par son patron, ce garçon si gentil… Un ami d’enfance qui aurait pu être un père putatif convenable. Quel imprudent d’ignorer que la fille d’une sorcière, même si elle s’en serait bien passée, ne peut être plus ou moins qu’une sorcière aussi !
Mais Toni sait prendre les problèmes l’un après l’autre.
Il faudra se débarrasser des « dieux », marionnettes envahissantes de bric et de broc logées dans leur placard. Des dieux qui n’ont peut-être pas grand pouvoir sur le monde contemporain mais en ont bien suffisamment sur elle-même et les siens. Y réussira-t-elle ?
Marier aussi sa sœur Candy à son curieux fiancé qui roule dans un corbillard décor spécial kitchissime. Tant pis si la belle-mère est redoutable. Lui, au moins, sait comment traiter avec les dieux… même s’il n’est pas enchanté d’une pareille future belle-sœur ni très sûr de vouloir se marier.
Et puis retrouver du travail – ou jouer en bourse ? Après tout ces dieux si importuns pourraient bien l’aider un peu, non ? – et puis aider la vieille amie de sa mère qui n’a pas davantage le sou… et puis… et puis…
Et qui est cette petite fille perdue dont sa mère lui a si souvent conté l’histoire ? Un autre dieu ? Sa mère elle-même ? Peut-être pas…
Il y en aura des choses à léguer à ce bébé si attendu lorsqu’il naîtra enfin !
Il y a de la magie dans ce roman et, plus encore de la vie, une vie brouillonne, débordante, tout à la fois inendiguable et maîtrisée. Et l’histoire d’une jeune femme qui se cherche et qui se trouvera en acceptant ses propres racines et, surtout, elle-même.
— Hélène
Éditions Calmann-Lévy
ISBN n° 2-7021-3674-5
252 pages – 18 €