#NiceFictions22, c’est dans trois semaines !
Bonsoir à toustes,
#NiceFictions22 est dans trois semaines maintenant.
Quand nous avons imaginé le festival, en 2014, il y a des points que nous voulions déjà : que ce soit un évènement ouvert, à toustes et pour toustes, qu’il soit expérimental, libre, affranchi de toutes injonctions… mais, paradoxalement, alors qu’il est à vous et pour vous, nous communiquons rarement, sur les rouages, sur les dessous…
Par timidité ?
« Ça ne va intéresser personne. »
À cause du syndrome de l’imposture qui touche facilement les créateurices et plusieurs membres de notre petite équipe ?
Oui, sans aucun doute. On ne fait rien d’extraordinaire, tout le monde pourrait le faire, etc.
D’ailleurs, cette année, on vous programme une table ronde sur ce syndrome de l’imposture parce qu’il est important et qu’on ne sait pas toujours de quoi il s’agit…
Bref, à force d’être timides ou discrètes… on réalise qu’il y a des tas de choses dont vous n’avez même pas idée, alors que l’évènement est à vous.
Alors, ce soir, j’ai eu envie de remédier à cela.
Dans trois semaines donc, ce sera notre 8e édition. Quand nous nous sommes lancées… il y a plein de choses que je n’ai même pas imaginées/envisagées…
Et, aujourd’hui, je réalise que je suis heureuse : de ce produit étrange, expérimental, libre, qui n’obéit à aucune règle, à aucune injonction… et je vais développer un peu (beaucoup, diront les mauvaises langues car, une fois que je commence à écrire…).
L’évènement est 100 % gratuit et bénévole : cela signifie que l’entrée est gratuite, que les stands donnés aux artistes, associations… sont gratuits, que les artistes et chercheur·ses qui sont devant vous, en tables rondes ou conférences, viennent à leur frais. Leur travail, que nous mettons ensuite librement à disposition sur Youtube, iels vous le donnent. Parce que, pour être gratuit, l’évènement vit de dons. Dons financiers, parfois, mais principalement dons en nature : des auteurices, artistes et conférencier·es, mais aussi des bénévoles (merci aux associations CPDR et le GRAAL) qui vont s’activer tout le week-end.
L’espace est donc entièrement dédié aux créateurices et animations. Bien sûr, les artistes peuvent vendre leurs œuvres, mais nous n’accueillons aucun commerce afin de privilégier la création et la rencontre. Cette gratuité est un choix, politique, qui a un coût puisqu’il n’y a aucune rentrée d’argent associée.
Et, malgré tout, Il y a des coûts incompressibles : locaux, sécurité, entretien. Ces coûts sont supportés grâce au soutien d’Université Côte d’Azur, de la ville de Nice et du CROUS Nice-Toulon.
Chaque année, nous nous retrouvons donc avec un déficit comblé par un mécène privé. Qui ne nous demande rien, mais ne peut pas nous donner trop.
Certain·es nous ont demandé / nous demandent parfois pourquoi nous n’allons pas chercher plus de sponsors, plus d’argent, plus de…
Alors… pendant des années, je n’ai pas trop pris la parole, ce « reproche » me faisait mal et j’alternais entre le trouver injuste et ne pas me sentir à la hauteur (je n’étais pas une directrice assez investie ?), mais je me disais qu’il fallait rester discrète, chacun·e a son opinion, toussa. Ces dernières années, je suis beaucoup revenue de cette opinion qui valorise la discrétion.
Parce que, si de l’argent rentre, c’est que l’évènement rapporte quelque chose à quelqu’un. Aujourd’hui, Nice Fictions ne rapporte que de la culture et du bonheur. Pour que des gens financent plus, il faudrait qu’il rapporte plus. Peut-être alors qu’on ne pourrait plus parler de certains sujets, qu’on ne pourrait plus se sentir libre de dénoncer le sexisme du milieu de la SFFF, par exemple, car cela dérangerait des personnes qui peuvent influer sur des projets… ou peut-être que, tout simplement, on nous demanderait de faire venir des têtes d’affiche, des gens bankables… qui seraient peut-être souvent des hommes blancs hétéro valides de plus de 50 ans (et je n’ai rien contre eux, j’ai un ami qui… 😉 ).
Ne voyez pas ici la moindre critique qu’on doive souvent se plier pour vivre, manger, vivre un peu mieux… Tant que nous évoluons dans un système capitaliste, aussi libres que nous nous rêvons, nous devons gagner de l’argent.
Mais il faut aussi qu’il y ait des pas de côté, des endroits safes où l’on peut respirer, dénoncer, hurler… sans que personne ne vienne nous faire taire.
Des endroits où l’on n’est pas obligé de se plier chaque année aux mêmes exercices imposés car c’est cela qui fera venir les familles ou les consommateurs ou…
Des endroits où, pendant trois jours, la seule règle est celle de la bienveillance et du respect et tout le reste est libre, open source…
Attendez, je n’en ai pas fini avec vous. On me dit parfois que je fais de trop longs messages et… je ne suis pas prête de changer. Je voulais vous parler d’argent parce que c’est important, pour que vous sachiez le don que vous font les intervenant·es sans rien attendre du tout, les bénévoles qui sont là…
Mais aussi…
Cette 8e édition est émouvante car, les deux dernières années, à cause de la pandémie, nous n’avons pas pu faire d’édition en présentiel et… vous nous manquez. Cette période difficile que nous avons vécue collectivement nous a rappelé l’importance de la rencontre, du présentiel. Pourtant cette expérience a été profitable aussi car elle nous a obligées à penser l’évènement différemment : les artistes, les ami·es… qui sont loin ne peuvent pas toujours venir, puis il y a aussi celleux dont les moyens sont réduits ou qui sont peu mobiles.
Alors, en 2020 et en 2021, on a mis en place des méthodes pour streamer et, en 2022, Stream a été choisi comme thème de l’édition. Bien sûr, il y aura surtout du présentiel, mais on n’oublie pas celleux qui ne sont pas sur place et une grosse partie des interventions sera diffusée en direct… et on pourra aussi recevoir des intervenant·es qui n’ont pas pu faire le déplacement.
Ça a l’air facile, mais… ce n’est pas une activité banale pour nous et on fait tout ça… sur nos propres ordis, avec le matériel qu’on peut gratter ici et là…
Et, puisque je parle des interventions, justement, le programme, il est où ?
Ben… il est sur un tableau qu’on ne peut pas encore vous partager. Pas parce qu’on n’en a pas envie, mais parce que, si on vous le partageait si tôt, c’est qu’on n’aurait pas fini de voir avec chacun·e, qui va faire don de son temps et de son expérience, s’iel est OK, si le thème, l’horaire… lui conviennent. Alors on ne peut pas économiser ce temps car ce serait au détriment de celleux qui nous font ce cadeau.
Mais vous ne pouvez pas aller un peu plus vite ? Et vous ne répondez pas aux mails très vite non plus et…
Je comprends : quand on attend quelque chose avec impatience, c’est qu’on y tient et c’est cool que Nice Fictions vous tienne à cœur. Mais, derrière les mails, je suis toute seule. Je ne m’en plains pas, je fais ça le soir, après le taf… mais je dois vérifier des tas de choses et je ne veux pas me précipiter et faire des bêtises. Cependant, personne n’est oublié, ne craignez rien. Et n’hésitez pas à regarder sur notre site ou nos réseaux si l’info n’est pas déjà dispo car chaque demande en plus prend ce temps qui peut peut-être aider mieux quelqu’un d’autre.
Par exemple, le lieu, les parkings, les hôtels… il y a des sites bien faits qui vous donneront des infos bien plus fiables que je ne le ferais.
Parce que c’est toujours un peu étrange quand je vois notre petite équipe stresser avant le grand moment, en se demandant si elle est bien à la hauteur, alors qu’elle est bénévole et qu’elle fait de son mieux. Oui, chacun·e de nous est à la hauteur car, quand il s’agit de donner, on donne tout ce qu’on est en capacité de donner.
Nous ferons des erreurs, forcément, mais toutes se corrigent.
Un dernier petit mot et, après, promis, je m’arrête là : certaines personnes nous contactent en demandant si nous avons besoin de bénévoles. Nous avons toujours besoin de bénévoles, on n’est jamais trop. Cela dit, c’est un vrai travail donc le mieux est que vous veniez une première année, qu’on fasse connaissance, que vous voyez comment nous travaillons et, si ça vous plait, vous pourrez revenir l’année suivante en sachant à quoi vous vous engagez 🙂
Je termine avec quelques infos pratiques :
Dates et horaires :
Vendredi 3 juin de 14 à 19h
Samedi 4 juin de 10 à 19h
Dimanche 5 juin de 10 à 18h
Tout au long du festival, en plus des tables rondes et conférences sur lesquelles nous planchons et dont le planning vous sera communiqué bientôt, il y aura bien sûr des artistes à rencontrer, des expositions, des jeux de rôle et de plateau et d’autres animations.
Le vendredi soir, vous pouvez assister au jeu de rôle en scène Pirate !
mais nous vous proposerons aussi très probablement une ou deux tables rondes 100% virtuelles, notamment pour accueillir des artistes à l’international et, le samedi soir, nous vous attendrons pour une soirée 100% jeux comme chaque année.
Et, pour patienter, n’hésitez pas à aller voir ou revoir les interventions des 7 éditions passées.