"(Pro)Créations" de Lucie Chenu
Dans une anthologie au thème inhabituel, Lucie Chenu a retenu vingt-deux nouvelles de la magie à la science-fiction.
Le cimetière des toucans de Francis Berthelot, une variation sur l’équilibre de l’humanité entre le besoin de beauté et celui de destruction vu par le regard d’un artiste.
Un extrait du Premier siècle après Béatrice d’Amin Maalouf qui évoque les conséquences redoutables qu’aurait sur la survie de l’espèce un médicament sélectif sur les naissances.
Avec Le manoir dans le cimetière, Estelle Valls de Gomis nous emmène dans un rêve un peu triste mais telles sont les lois de l’inspiration.
Pierre-Alexandre Sicart, lui, nous apprend dans Le sang des fées que l’esprit du merveilleux ne meurt jamais et passe de génération en génération à travers la musique et la poésie. Un des textes que j’ai préféré quoique suivi de près par l’Emmanuel d’Hélène Calvez, dans un tout autre style, celui d’un presque polar plein d’humour autour de la naissance dans la crèche une nuit de Noël.
À quatre mains de Jean-Michel Calvez, conte ethno-zoologique bien écrit évoque malheureusement trop les Animaux dénaturés de Vercors pour ne pas en pâtir.
Cycle de Carole Boudebesse, évoque la réincarnation, de manière toute charnelle, qui permet à une femme de régler ses comptes avec son enfance et de se retrouver alors même qu’elle se perd. Même sujet traité par Jean Milleman dans Hantise, de façon profondément différente, mais dans les brumes de Brocéliande, rien ne saurait échapper à une certaine poésie.
Je sais, ils m’avaient dit non d’Antoine Lencou ou l’aventure étrange, désespérée et inutile d’une femme souhaitant être mère dans un monde où les choses ne se passent plus ainsi, pas plus que dans Ventres d’airain de Sylvie Miller où les femmes sont dépossédées de leur maternité pour ne servir que de « passeuses » vers la vie.
Jean-Pierre Fontana (Et je lui donnerai pour nom Emmanuel) traitera aussi de ce futur où les femmes n’auront plus le droit de procréer à leur gré mais, lui, laissera une toute petite chance à sa malheureuse héroïne.
Le couloir de Jess Kaan, dans lequel un père attend pendant que sa femme est en travail, est une bien jolie rêverie dont je vous laisse le plaisir de découvrir les conclusions et qui en font un des seuls textes vraiment légers d’une anthologie somme toute assez dure.
Arthro de Joëlle Wintrebert ou la rencontre de deux espèces après une catastrophe spatiale, rappelle que les rencontres, si amicales soient-elles, entraînent toujours des bouleversements imprévus. Avec un féminisme qui reste de règle pour l’auteur et que l’on ne peut s’empêcher d’épouser en lisant ensuite La dormeuse blême de Léo Lamarche dont la plume, toujours parfaitement élégante, sert la sordide misère de l’enfance violée.
Regarde vers l’ouest de Lionel Davoust évoque le problème tout particulier de certains pères qui n’arrivent pas à surmonter leur état infantile et considèrent l’enfant comme un rival.
Inné ! d’Alain le Bussy n’est pas plus tendre pour les pères puisqu’il s’agit ici du thème de l’enfant vampire
Les enfants miracles de Patrick Eris. Un petit conte très moral servi par une écriture pleine d’originalité pour un héros parfaitement odieux.
Nouveau-né de Nathalie Dau se moque avec gentillesse et beaucoup de drôlerie des joueurs de MMORPG sans qu’on puisse totalement affirmer que toute ressemblance avec des personnages réellement existants serait purement fortuite !
Un extrait de Mort in vitro de Martin Winckler reprend, là aussi en extrait et sous sa forme la plus « technique », le débat lancé par Maalouf sur les dangers que font courir à l’humanité des laboratoires pharmaceutiques plus soucieux de profit que d’éthique.
À l’occasion d’une échographie prénatale, All the accidents de Lélio évoque avec pudeur et beaucoup de délicatesse les séquelles d’un viol, de la loi du silence, et ce qu’il en est des « actes manqués ».
Le pollen de minuit de Mélanie Fazi est celui que déposent dans nos rêves les créatures éthérées qui s’y aventurent et aspirent à une matérialité qu’elles n’auront jamais. Un joli texte plein de jalousie et de poésie.
Enfin, En chair de Pierre Bordage, nous ramène auprès des gardiens de la Rénovation dans un futur où ni mort ni naissance n’existent plus, la première étant la condition essentielle de la seconde, et la nouvelle « chute » d’un de ces « anges »
Un extrait du Premier siècle après Béatrice d’Amin Maalouf qui évoque les conséquences redoutables qu’aurait sur la survie de l’espèce un médicament sélectif sur les naissances.
Avec Le manoir dans le cimetière, Estelle Valls de Gomis nous emmène dans un rêve un peu triste mais telles sont les lois de l’inspiration.
Pierre-Alexandre Sicart, lui, nous apprend dans Le sang des fées que l’esprit du merveilleux ne meurt jamais et passe de génération en génération à travers la musique et la poésie. Un des textes que j’ai préféré quoique suivi de près par l’Emmanuel d’Hélène Calvez, dans un tout autre style, celui d’un presque polar plein d’humour autour de la naissance dans la crèche une nuit de Noël.
À quatre mains de Jean-Michel Calvez, conte ethno-zoologique bien écrit évoque malheureusement trop les Animaux dénaturés de Vercors pour ne pas en pâtir.
Cycle de Carole Boudebesse, évoque la réincarnation, de manière toute charnelle, qui permet à une femme de régler ses comptes avec son enfance et de se retrouver alors même qu’elle se perd. Même sujet traité par Jean Milleman dans Hantise, de façon profondément différente, mais dans les brumes de Brocéliande, rien ne saurait échapper à une certaine poésie.
Je sais, ils m’avaient dit non d’Antoine Lencou ou l’aventure étrange, désespérée et inutile d’une femme souhaitant être mère dans un monde où les choses ne se passent plus ainsi, pas plus que dans Ventres d’airain de Sylvie Miller où les femmes sont dépossédées de leur maternité pour ne servir que de « passeuses » vers la vie.
Jean-Pierre Fontana (Et je lui donnerai pour nom Emmanuel) traitera aussi de ce futur où les femmes n’auront plus le droit de procréer à leur gré mais, lui, laissera une toute petite chance à sa malheureuse héroïne.
Le couloir de Jess Kaan, dans lequel un père attend pendant que sa femme est en travail, est une bien jolie rêverie dont je vous laisse le plaisir de découvrir les conclusions et qui en font un des seuls textes vraiment légers d’une anthologie somme toute assez dure.
Arthro de Joëlle Wintrebert ou la rencontre de deux espèces après une catastrophe spatiale, rappelle que les rencontres, si amicales soient-elles, entraînent toujours des bouleversements imprévus. Avec un féminisme qui reste de règle pour l’auteur et que l’on ne peut s’empêcher d’épouser en lisant ensuite La dormeuse blême de Léo Lamarche dont la plume, toujours parfaitement élégante, sert la sordide misère de l’enfance violée.
Regarde vers l’ouest de Lionel Davoust évoque le problème tout particulier de certains pères qui n’arrivent pas à surmonter leur état infantile et considèrent l’enfant comme un rival.
Inné ! d’Alain le Bussy n’est pas plus tendre pour les pères puisqu’il s’agit ici du thème de l’enfant vampire
Les enfants miracles de Patrick Eris. Un petit conte très moral servi par une écriture pleine d’originalité pour un héros parfaitement odieux.
Nouveau-né de Nathalie Dau se moque avec gentillesse et beaucoup de drôlerie des joueurs de MMORPG sans qu’on puisse totalement affirmer que toute ressemblance avec des personnages réellement existants serait purement fortuite !
Un extrait de Mort in vitro de Martin Winckler reprend, là aussi en extrait et sous sa forme la plus « technique », le débat lancé par Maalouf sur les dangers que font courir à l’humanité des laboratoires pharmaceutiques plus soucieux de profit que d’éthique.
À l’occasion d’une échographie prénatale, All the accidents de Lélio évoque avec pudeur et beaucoup de délicatesse les séquelles d’un viol, de la loi du silence, et ce qu’il en est des « actes manqués ».
Le pollen de minuit de Mélanie Fazi est celui que déposent dans nos rêves les créatures éthérées qui s’y aventurent et aspirent à une matérialité qu’elles n’auront jamais. Un joli texte plein de jalousie et de poésie.
Enfin, En chair de Pierre Bordage, nous ramène auprès des gardiens de la Rénovation dans un futur où ni mort ni naissance n’existent plus, la première étant la condition essentielle de la seconde, et la nouvelle « chute » d’un de ces « anges »
Toute une panoplie de héros et de anti-héros pour nous plonger dans les fantasmes de la maternité perçue tant par les femmes que par les hommes et pour nous surprendre. Une (pro)création à découvrir avec curiosité.
Hélène
Éditions Glyphe – Collection Imaginaires
311 pages – 21€
ISBN : 9978-2-35285-001-4