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Trois Petits Points n°1 : La Chaussette

Pour les deux ou trois du fond qui n’ont pas suivi, je rappelle le principe de ce nouveau webzine. Avec une maquette colorée, des textes allant du court au très très court, et des thèmes insolites, Trois Petits Points (TPP pour les intimes) joue à fond la carte de l’originalité. Et voici qu’après une édition 0 de rodage, le premier vrai numéro, toujours aussi bariolé, débarque enfin.

Il faut toujours observer avant de chercher à aider de Christelle Falcoz.
Comme le veut le principe, cette histoire est aérée et courte, très courte. Il y a bien une chaussette et une fée, et on sent un nœud dramatique se nouer… Mais où est la fin ?! Le lecteur reste franchement sur la sienne – de faim –, dommage…

L’ogre avait l’estomac dans les chaussettes de Don Lorenjy.
Un ogre perturbe le sommeil d’un jeune bébé. Heureusement que sa mère veille (et tricote).
Voilà une belle histoire de chaussettes. On s’y sent comme chez soi. C’est drôle et léger, les personnages sont bien campés, et ça finit comme un charme. Bravo !

Télépathie et coccy-jambe de Emir Traym.
Science-Fiction loufoque et délirante, la nouvelle d’Emir Traym nous conte la jeunesse d’un fils d’inventeur et la découverte d’une passion pour les chaussettes, à moins que ce ne soit pour les histoires ? Ce texte, un peu poussif au démarrage, se révèle au final assez agréable.

Chaussette absente de Johan.
Coup de cœur absolu pour cet acrostiche à la poésie pleine de fantasy et d’humour. A ne pas rater !
Impossible d’en dire plus sans risquer d’en déflorer les plaisirs…

La tueuse des greniers de Joy Alquetan.
Une chaussette jaune hantée par un esprit mesquin et vengeur, un enfant qui farfouille là où il ne devrait pas, et c’est le drame. Ah ! Vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas prévenus !
Le ton employé par Joy Alquetan pour cette courte histoire sonne juste. On entre de plain-pied dans son monde cruel et drôle. On en redemanderait.

Je n’ai jamais connu d’italiens aux chaussettes courtes de Nicoletta Pacetti.
C’est le texte qui manquait jusque-là ! Ancré dans la réalité, cette nouvelle pose un regard sans concession (comme on dit à la radio) sur les chaussettes et leur rapport à la sexualité, et sonne comme une mise en garde pour tous les amateurs de socquettes trop courtes.
Ami lecteur, attention ! La lecture de ce texte peut provoquer une gêne durable au moment de croiser les jambes.

Les voies du Seigneur sont impénétrables de Hélie C.
Deux frères sont à la recherche du Saint Graal, mais le parcours est semé de chaussettes.
Après la sexualité des bas de laine, Trois Petits Points ne recule devant rien et se lance dans la théologie avec un texte aussi court que réussi de Hélie C.

L’apocalypse du petit matin de Zali L. Falcam.
Petite déception pour ce court texte dont la fin est trop classique et attendue. Ailleurs, cela n’aurait pas forcément été dramatique, mais pour une nouvelle à chute, c’est dommage. D’autant plus que l’écriture tient tout à fait la route.

Le second voyage de Frédéric Leygue.
Voici le récit de l’amour impossible entre deux chaussettes, éloignées par un fatidique et inopportun trou. Le ton est léger et la nouvelle flirte avec l’absurde, le conte et le tragique. Cela fait peut-être beaucoup pour un texte aussi court qui manque de place pour vraiment s’épanouir.

La chaussette du prince charmant de Réjane Durand.
Faisons court : ce texte est génial ! Quatre petits paragraphes pour un trésor d’humour noir et grinçant. Que dire de plus ? Lisez-le !

Pour clôturer cette chronique, parlons maintenant du plaisir des yeux. Outre la maquette, les illustrations sont également réussies. Toutes. Vraiment.
Les dessins de Stéphanie Dubut sont magnifiques, avec une mention particulière pour son ogre ! Les montages de Sébastien Gollut sont drôles et collent bien aux nouvelles qu’ils accompagnent (on peut même s’amuser à lire les journaux du fond, même s’ils n’ont, pour le coup, pas grand chose à voir !). On retrouve également Zed Oras : sa tueuse des greniers a franchement de la gueule ! Juan et ThomasSalavert ont également prêté leurs talents à ce numéro. Enfin, Zariel nous offre une couverture adaptée, et illustre avec brio le récit de Réjane Durand.
Ah ! j’allais oublier de citer les excellents strips de Nootilus qui égayent certaines pages avec les aventures de trois petits points au pays des chaussettes.

Ce premier numéro de Trois Petits Points remplit donc toutes ses promesses, et même plus, que ce soit sur la forme ou sur le fond. Franchement, si vous ne vous fendez pas d’un sourire de temps à autre, voir d’un gloussement étouffé, ou même d’un fou rire, c’est que vous êtes vraiment de méchante humeur ! Bien sûr, certains textes vous paraîtront plus intéressants ou drôles que d’autres. Mais l’intérêt du format choisi, c’est justement qu’avec dix nouvelles, il y en a pour tous les goûts !
Alors ? Aucun reproche ? Et bien si, et je vais finir par ça, na ! Mon seul regret, c’est de ne pas disposer d’une imprimante digne d’un tel webzine. Du coup, c’est la lecture sur écran qui s’impose : il serait trop dommage de se passer de la couleur…

— F-Xavier Bornes

Webzine, 28 pages, gratuit

Cibylline

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