"Dragons"
Une anthologie sur les dragons, voilà de quoi mettre l’eau à la bouche des amateurs. Avec pas moins de dix-sept nouvelles et un documentaire, d’auteurs connus ou inconnus. Le tout très inégal.
Se détachent nettement, dans l’ordre de lecture : Soldats de plomb de Frédéric Jaccaud, un petit conte amer sur l’enfance et la guerre, ou la guerre perçue à travers les yeux d’un petit garçon, même si son père n’est lui aussi, au fond, qu’un petit garçon.
La contrée du dragon de Thomas Day évoque le long chemin que parcourra un paysan, en dépit de la loi religieuse, pour adopter une fillette violée par des mercenaires. Une écriture toujours impeccable dont la cruauté mâtinée de perversion n’exclut pas une certaine tendresse pour l’humanité.
Le dragonneau anorexique de Jean-Claude Bologne est un petit dessert succulent qui, comme tel, eut davantage été bienvenu en fin de l’ouvrage.
On retrouve dans Les années d’orichalque d’Ugo Bellagamba, ce mélange d’érudition mythologique et de SF qui fait le charme d’un auteur passant très mathématiquement par la ligne droite d’un unique personnage pour joindre d’un trait le passé le plus lointain au futur.
Au seuil de Loïkerma de Francis Berthelot est une petite histoire mélancolique sur l’amitié de deux exclus puisque, après tout, les dragons ont toujours été assez proches des humains pour ne pas être mieux lotis qu’eux.
Robin Tecon nous a concocté Au plus haut des cieux, une nouvelle fort drolatique sur les mésaventures du chevalier Tancrède et du dragon Élie dont la vertu chrétienne aidera le chevalier dérouté à modérer sa fierté.
Avec Draco luna, David Camus invite à un regard triste et poétique sur la mort du jeune roi Beaudouin qui mourut de la lèpre en Terre Sainte en dépit de toute l’affection de l’archevêque Guillaume de Tyr. Il faut beaucoup de poésie après tout pour rendre les luttes de pouvoir supportables.
J’ai également bien aimé Le feu sous la cendre d’Eudes Hartemann, bien écrit en dépit d’une fin pas tout à fait inattendue, les dragons germaniques restant des dragons germaniques.
La nouvelle L’huile et le feu de Johan Heliot est assurément beaucoup plus inhabituelle puisque, joli tour de force, elle introduit un dragon au pays des shérifs, comme quoi, on peut s’attendre à tout lorsque l’on porte un médaillon à l’effigie de Saint-Georges.
C’est dans un autre coin de l’Amérique que Mélanie Fazi nous entraine par les yeux d’un petit garçon différent qui n’a, pour l’aider à vivre cette différence et malgré le précepteur auprès duquel on l’a confié – on s’est débarrassé, plutôt – que le secours de la terre et celui, bien peu tangible, d’un pâle fantôme. Celui d’un Dragon caché.
L’anthologie se clôt sur une Tératologie des confins de François Fierobe. Il n’y manque certes pas l’imagination mais celle-ci ne saurait faire oublier la caractéristique essentielle des énumérations, leur platitude.
Bref, de vraiment bons textes et d’autres bien indigestes, et c’est dommage, mais sans doute est-ce le propre de toutes les anthologies.
La contrée du dragon de Thomas Day évoque le long chemin que parcourra un paysan, en dépit de la loi religieuse, pour adopter une fillette violée par des mercenaires. Une écriture toujours impeccable dont la cruauté mâtinée de perversion n’exclut pas une certaine tendresse pour l’humanité.
Le dragonneau anorexique de Jean-Claude Bologne est un petit dessert succulent qui, comme tel, eut davantage été bienvenu en fin de l’ouvrage.
On retrouve dans Les années d’orichalque d’Ugo Bellagamba, ce mélange d’érudition mythologique et de SF qui fait le charme d’un auteur passant très mathématiquement par la ligne droite d’un unique personnage pour joindre d’un trait le passé le plus lointain au futur.
Au seuil de Loïkerma de Francis Berthelot est une petite histoire mélancolique sur l’amitié de deux exclus puisque, après tout, les dragons ont toujours été assez proches des humains pour ne pas être mieux lotis qu’eux.
Robin Tecon nous a concocté Au plus haut des cieux, une nouvelle fort drolatique sur les mésaventures du chevalier Tancrède et du dragon Élie dont la vertu chrétienne aidera le chevalier dérouté à modérer sa fierté.
Avec Draco luna, David Camus invite à un regard triste et poétique sur la mort du jeune roi Beaudouin qui mourut de la lèpre en Terre Sainte en dépit de toute l’affection de l’archevêque Guillaume de Tyr. Il faut beaucoup de poésie après tout pour rendre les luttes de pouvoir supportables.
J’ai également bien aimé Le feu sous la cendre d’Eudes Hartemann, bien écrit en dépit d’une fin pas tout à fait inattendue, les dragons germaniques restant des dragons germaniques.
La nouvelle L’huile et le feu de Johan Heliot est assurément beaucoup plus inhabituelle puisque, joli tour de force, elle introduit un dragon au pays des shérifs, comme quoi, on peut s’attendre à tout lorsque l’on porte un médaillon à l’effigie de Saint-Georges.
C’est dans un autre coin de l’Amérique que Mélanie Fazi nous entraine par les yeux d’un petit garçon différent qui n’a, pour l’aider à vivre cette différence et malgré le précepteur auprès duquel on l’a confié – on s’est débarrassé, plutôt – que le secours de la terre et celui, bien peu tangible, d’un pâle fantôme. Celui d’un Dragon caché.
L’anthologie se clôt sur une Tératologie des confins de François Fierobe. Il n’y manque certes pas l’imagination mais celle-ci ne saurait faire oublier la caractéristique essentielle des énumérations, leur platitude.
Bref, de vraiment bons textes et d’autres bien indigestes, et c’est dommage, mais sans doute est-ce le propre de toutes les anthologies.
— Hélène
Éditions Calmann-Lévy
445 pages – 18 €
ISBN 978-2-7021-4009-3