« Hommes et animaux : demain, ailleurs, autrement… » de Stéphane Dovert
Sous une couverture assez esthétique, quinze nouvelles réunies par Stéphane Dovert pour évoquer les relations homme-animal, mais d’une façon bien différente de celle d’Allain Bougrain-Dubourg, qui préface cette anthologie.
La Poule de lady Sofia, Adeline Tosello le précise, est une poule de compagnie, dans un monde où, justement, aucune bonne compagnie ne saurait se passer d’un animal favori. Tous ne sont pas assez policés, certes, pour être admis au théâtre, mais on sait se tenir chez lady Sofia. Encore que se rendre au théâtre puisse être plus dangereux que prendre un thé en grignotant des biscuits avec la vieille dame et son charmant chevalier-servant. Le tout dans un style Alice et le Chapelier.
Mon Copain Dan, a été kidnappé par des extraterrestres, c’est du moins ce que raconte le narrateur, – sous la plume de Teff dit Gégé – mais de façon visiblement moins persuasive que le dit copain. Pas convaincant du tout.
Les Chats de Fukushima, de Yann Quero, se sont réunis dans un temple, avec d’autres kami, sous la houlette d’un énorme chat roux. Voilà bien de quoi terrifier la jeune Asami, qui s’y était aventurée à la recherche d’inspiration, mais pas une très raisonnable grand-mère, fut-elle prodigue de conseils et de contes. Sauf quand survient une catastrophe qui conduit à évacuer toute la région. Et sauf quand sa petit-fille est bien décidée à récupérer son chaton oublié dans l’affolement. Ou quand le conte et la culture japonaise fusionnent joliment avec la réalité.
C’est par Un Froid de canard, que Jérôme Mazurelle, qui ne se remet pas de la perte de son épouse, rencontrera une vieille femme indiscrète et bavarde dans une petite station balnéaire de la Mer du Nord. Une spécialiste de ces oiseaux fort disposée à lui apprendre l’origine de l’expression, visiblement. Mais visiblement seulement. Un texte fantastique d’Éric Lisøe.
L’Histoire incroyable mais véridique du grand ours de Sibérie, de Régine Philippe, traite de la métamorphose, à la mode des contes russes. Si le thème n’est pas d’une grand originalité, il est bien mené et agréable à lire.
Avec Tant qu’il sera possible, Jeff Gautier nous invite à la découverte des grands fonds marins dont presque toute vie à disparu. Presque. Une belle leçon d’écologie.
Des Loups, des hommes et des fourmis, nouvelle très courte de Jean-Marc Sire, est également très belle. Une de celles que je préfère. À la fois par le sujet choisi : des loups qui recherchent la compagnie des hommes disparus, et par la façon poétique dont il est traité.
La Prédestination, telle que la conçoivent les personnages de Stéphane Dovert, pourrait bien porter un autre nom tant ses héros sont manipulateurs. Mais qui manipule qui ?
La Révolte des malfinis, de Djane Grivault, apparaît bien légitime. Pas de raison, en effet, qu’après avoir créé des hybrides homme-animal et avoir pratiquement détruit la planète, les hommes décimés veuillent désormais asservir les malheureux mutants à la reproduction d’une race humaine« pure ». Dommage que le choix de l’écriture desserve ici le propos.
Seule dans l’espace, voilà qui est ennuyeux mais peut devenir tout à fait terrifiant et réellement mortel si, justement, on n’est pas si seule que cela. Une plaisante petite nouvelle de Dravic.
Tous les Enfants de la Mère, c’est pour le faire comprendre aux hommes que Vent-Gris, le vieux et sage chef de meute des loups-garous, a souhaité rencontrer leur implacable ennemi. Ainsi seulement la paix pourrait-elle s’établir entre toutes les espèces, malgré les haines individuelles. Les loups, les corbeaux, les cervidés, les insectes… le savent. Mais le roy des hommes ? Une très belle nouvelle d’Anthony Boulanger.
C’est dans un futur pas si lointain où bien des choses ont été oubliées, même si demeurent quelques armes et à feu qu’il s’agit d’utiliser à bon escient pour assurer la survie des siens, que nous emmène l’Animal d’Hélène Meignin. Dans le blizzard glacial où rodent les prédateurs, Ishaï, le tireur du groupe, fera une rencontre inattendue. Quelques pages qui sans être extraordinaires sont joliment écrites et agréablement positives.
La Confession de Simon Calvaire, de Julien Raynaud, qui voit le dit Simon se rendre à la police pour s’accuser de meurtre, est aussi courte que drôle.
L’Odyssée des cousines de Sylvain Lamur, quoique relevant du conte plus que de la satire, a de faux airs des Mille-et-une nuits mâtinés des Voyages de Gulliver. On ne peut que regretter qu’il y manque ce petit quelque chose qui aurait souligné ces qualités pour en faire une lecture plaisante.
De même pour La Réserve de Gregory Covin, qui clôt cette anthologie. Un bon début, très visuel façon jeu vidéo. Puis une mini-débauche de gore ensuite. Enfin une chute hâtive, guère originale, en mode science-fiction. Bref un mélange laissant une impression de négligé.
Au final, comme il en va souvent des anthologies, de beaux textes et d’autres qui le sont moins, propres à satisfaire des goûts très différents.
Éditions Arkuiris
246 pages – 18 €
ISBN : 978-2-919090-04-4