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"La Fraternité du Panca II – Soeur Ynolde" de Pierre Bordage

Le deuxième tome de la Fraternité du Panca traite de soeur Ynolde. Le premier frère a accompli sa part du travail et a entamé avec succès la constitution de la chaîne quinte en transmettant son implant au deuxième frère, en l’occurence une soeur.
Rappelons qu’un danger inconnu menace l’humanité et que, pour l’enrayer, une organisation secrète du nom de la Fraternité du Panca, dont les membres ne se connaissent pas, organise une sorte de passation de relai entre cinq frères, chacun recevant le ou les implants de son prédécesseur. Les personnages, tout comme semble-t-il l’auteur, naviguent à vue et se contentent de vivre leur aventure sans connaître la nature de la menace ni la raison pour laquelle leurs ennemis veulent les éliminer et, encore moins, la manière dont la réunion de la chaîne quinte sauvera l’humanité.
À l’instar du premier tome, « Soeur Ynolde » conte deux histoires en parallèle : celle de soeur Ynolde qui doit rejoindre le troisième frère malgré ses doutes, les assassins à ses trousses et les diverses difficultés inhérentes au voyage de planètes en planètes ; celle de Silf, un jeune thanaüte chargé de tuer le troisième frère du Panca pour empêcher la constitution de la chaîne quinte. Contrairement au volume précédent, ce deuxième récit a sa vraie place dans la trame et ne donne pas une impression de superficialité.
Quoi de neuf dans ce nouveau tome ?
Toujours la même idée que le voyage est plus important que la destination. Le cahier des charges est donc simple : on suit les pérégrinations des protagonistes jusqu’à leur destination finale. Les obstacles sont nombreux, les paysages variés et l’action omniprésente. L’absence d’explications quant à la nature de la menace qui motive tous ces efforts impose au lecteur d’avoir la même confiance en la plume de l’auteur que les personnages dans les desseins de la Fraternité. Les personnages n’ont guère le loisir de s’épaissir puisqu’ils n’ont d’autre alternative qu’une réactivité un peu passive face aux difficultés. Lesquelles surgissent de manière un peu trop régulière et systématique pour donner une illusion de naturel. Cela se laisse lire néanmoins, si tant est qu’on ne soit pas hermétique à la prose de Bordage. Pour paraphraser les animateurs d’émissions littéraires, nous sommes davantage ici dans le bien écrire que dans l’écrire bien : des grands sentiments et des rebondissements mais guère de souffle ; une narration poétique et classieuse mais peu d’efficacité. Et, toujours, cette fâcheuse impression que l’auteur invente son histoire au fil de la plume. À ce petit jeu, il frise régulièrement l’auto-caricature mais s’en sort mieux dans ce livre que dans le précédent. Les personnages ont plus de présence, à défaut d’avoir une vraie personnalité. Silf, surtout, qui est dans la veine des héros à la fois naïfs et visionnaires, meutriers et purs, mi-ange mi-démon, qu’affectionne l’auteur.
Le fait d’avoir deux personnages qui convergent vers le même but pour des raisons opposées maintient davantage le lecteur en haleine que la quasi redondance des deux histoires racontées dans le premier volume.
Autre point positif, même si plus anecdotique : l’auteur a levé le pied sur les références temporelles avec leurs irritants acronymes en exposant pour signifier leur étalon de mesure (TO pour “temps originel”).
Il y a aussi beaucoup moins de morts et le récit ne s’en porte que mieux.
Avec ce deuxième volume, terminés les atermoiements et les grosses ficelles de « Frère Ewen ». Le récit a désormais acquis sa vitesse de croisière, même si Bordage demeure en deçà de sa production habituelle. Petite note d’espoir : la nature du troisième frère permet d’anticiper un bon potentiel pour le tome suivant.

Michaël F.

Éditions l’Atalante
444 pages – 21 €
ISBN : 978-2-84172-451-2

Cibylline

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