"La Voie du loup – Terre vampire I" de E. E. Knight
La Terre n’est plus ce qu’elle était. Des vampires extra-terrestres l’ont colonisée et transformée en garde-manger géant. Dans une Amérique sinistrée, une petite élite de résistants lutte encore et toujours contre l’envahisseur. David Valentine en fait partie ; il est un Loup.
La Voie du loup, premier tome de la série Terre vampire, joue sur plusieurs tableaux. Très actuel, il mélange les genres et les thèmes pour parvenir à un hybride assez excitant, quoique trop long. La faute en incombe à ces longs passages explicatifs où E.E Knight tartine sur les différents éléments qui composent son univers, par force très bien développé. On peut toujours partir du principe discutable qu’un premier volume doit explorer et détailler un univers avant de plonger ses personnages dans des aventures échevelées ensuite. Mais une bonne alchimie entre action et description est toujours préférable.
La Voie du loup évoque le western (la nature, l’importance des chevaux et des armes à feu), le roman d’occupation et de guerre civile (rien ne manque à l’appel ; ni la résistance ni les collabos, on se croirait par moments, SF oblige, dans la série V), l’horreur (les agressions vampires sont très sauvages) et la science-fiction (puisque les vampires sont d’origine extra-terrestre), tendance post-apocalyptique (le monde a régressé technologiquement, l’invasion remplace ici la classique catastrophe nucléaire).
Le cocktail regroupe autant d’éléments peu originaux en soi pour un résultat très convenable, mais qui ne l’est guère plus. Les sous-vampires brutaux et assoiffés de sang, leurs maîtres invisibles (assoiffés d’énergie vitale, c’est plus classe) sont décrits en long, en large et en travers. L’auteur a bien travaillé la question mais cela n’empêche pas un sentiment de déjà-vu.
La Voie du loup se veut avant tout une découverte du monde terrifiant (où il ne fait vraiment pas bon vivre) créé par E. E. Knight. Le roman est construit comme un voyage, physique (à travers les États-Unis dévastés) et temporel (avec l’évolution au fil des années du héros, David Valentine). On a droit à beaucoup de dissertation comme on l’a dit (véritable fléau du roman actuel, mais qui donne l’impression au lecteur qu’il en a pour son argent) et, fort heureusement, à pas mal d’action aussi. Une action très brutale, sans concession. Au contraire, la grande violence du roman se veut dure et douloureuse, et en aucune façon agréable pour le lecteur.
Pendant un bon moment, on est guère pris par une absence quasi-totale de véritable intrigue. David Valentine ne devient attachant que lorsqu’il s’humanise vraiment en tombant amoureux d’une jeune paysanne (après plus de 250 pages). Le contexte lui-même devient plus excitant parce qu’on rentre de plain-pied en territoire occupé et l’on découvre davantage les méchants humains, qui collaborent au Nouvel Ordre instauré par les vampires.
Les sous-vampires (appelés Faucheurs) sont, certes, de formidables machines à tuer, réellement impressionnantes. Mais leur absence de psychologie rend bien plus intéressants leurs serviteurs humains. La lâcheté et la méchanceté humaine sont sans doute plus fascinantes que le Mal incarné et monstrueux. Peut-être parce qu’elles sont évocatrices à nos yeux d’une réalité parfois très proche. Le chef de la Milice (on pourrait l’appeler ainsi), oncle de l’amoureuse du héros, comme le collab qui a réussi et qui vient faire de la propagande dans une sorte d’Église vampire, sont vraiment bien campés. L’histoire d’amour, elle, pourra irriter qui ne saura apprécier sa pureté toute simple. E. E. Knight a vraisemblablement voulu opposer l’innocence des héros à la corruption ambiante. C’est peut-être un peu facile mais en tout cas très efficace si l’on veut jouer le jeu.
En plus, cela permet de faire naître le seul ressort dramatique notable d’un roman autrement assez plat. La jeune fille tue le collab qui voulait la prendre pour maîtresse et est condamnée à être jetée en pâture à des monstres sadiques dans cette nouvelle Sodome qu’est devenue Chicago. Commence alors pour David Valentine une descente assez saisissante dans le sordide et le vice, avec une ambiance qui évoque ce beau film de Paul Schrader qu’est Hardcore (où un père cherche sa fille dans le monde du porno et du snuff-movie) ou même les Hostel, avec ces pervers qui paient pour pouvoir torturer des victimes désignées.
À partir de là, à une soixantaine de pages de la fin, tout se déroule (enfin) très rapidement. C’est une règle connue pour tout écrivain de série soucieux de fidéliser ses lecteurs : terminer chaque volume en beauté pour donner envie d’acheter le suivant. E. E. Knight a parfaitement assimilé la leçon. Maintenant de là à oublier la grosse moitié de roman qui précède…
La Voie du loup évoque le western (la nature, l’importance des chevaux et des armes à feu), le roman d’occupation et de guerre civile (rien ne manque à l’appel ; ni la résistance ni les collabos, on se croirait par moments, SF oblige, dans la série V), l’horreur (les agressions vampires sont très sauvages) et la science-fiction (puisque les vampires sont d’origine extra-terrestre), tendance post-apocalyptique (le monde a régressé technologiquement, l’invasion remplace ici la classique catastrophe nucléaire).
Le cocktail regroupe autant d’éléments peu originaux en soi pour un résultat très convenable, mais qui ne l’est guère plus. Les sous-vampires brutaux et assoiffés de sang, leurs maîtres invisibles (assoiffés d’énergie vitale, c’est plus classe) sont décrits en long, en large et en travers. L’auteur a bien travaillé la question mais cela n’empêche pas un sentiment de déjà-vu.
La Voie du loup se veut avant tout une découverte du monde terrifiant (où il ne fait vraiment pas bon vivre) créé par E. E. Knight. Le roman est construit comme un voyage, physique (à travers les États-Unis dévastés) et temporel (avec l’évolution au fil des années du héros, David Valentine). On a droit à beaucoup de dissertation comme on l’a dit (véritable fléau du roman actuel, mais qui donne l’impression au lecteur qu’il en a pour son argent) et, fort heureusement, à pas mal d’action aussi. Une action très brutale, sans concession. Au contraire, la grande violence du roman se veut dure et douloureuse, et en aucune façon agréable pour le lecteur.
Pendant un bon moment, on est guère pris par une absence quasi-totale de véritable intrigue. David Valentine ne devient attachant que lorsqu’il s’humanise vraiment en tombant amoureux d’une jeune paysanne (après plus de 250 pages). Le contexte lui-même devient plus excitant parce qu’on rentre de plain-pied en territoire occupé et l’on découvre davantage les méchants humains, qui collaborent au Nouvel Ordre instauré par les vampires.
Les sous-vampires (appelés Faucheurs) sont, certes, de formidables machines à tuer, réellement impressionnantes. Mais leur absence de psychologie rend bien plus intéressants leurs serviteurs humains. La lâcheté et la méchanceté humaine sont sans doute plus fascinantes que le Mal incarné et monstrueux. Peut-être parce qu’elles sont évocatrices à nos yeux d’une réalité parfois très proche. Le chef de la Milice (on pourrait l’appeler ainsi), oncle de l’amoureuse du héros, comme le collab qui a réussi et qui vient faire de la propagande dans une sorte d’Église vampire, sont vraiment bien campés. L’histoire d’amour, elle, pourra irriter qui ne saura apprécier sa pureté toute simple. E. E. Knight a vraisemblablement voulu opposer l’innocence des héros à la corruption ambiante. C’est peut-être un peu facile mais en tout cas très efficace si l’on veut jouer le jeu.
En plus, cela permet de faire naître le seul ressort dramatique notable d’un roman autrement assez plat. La jeune fille tue le collab qui voulait la prendre pour maîtresse et est condamnée à être jetée en pâture à des monstres sadiques dans cette nouvelle Sodome qu’est devenue Chicago. Commence alors pour David Valentine une descente assez saisissante dans le sordide et le vice, avec une ambiance qui évoque ce beau film de Paul Schrader qu’est Hardcore (où un père cherche sa fille dans le monde du porno et du snuff-movie) ou même les Hostel, avec ces pervers qui paient pour pouvoir torturer des victimes désignées.
À partir de là, à une soixantaine de pages de la fin, tout se déroule (enfin) très rapidement. C’est une règle connue pour tout écrivain de série soucieux de fidéliser ses lecteurs : terminer chaque volume en beauté pour donner envie d’acheter le suivant. E. E. Knight a parfaitement assimilé la leçon. Maintenant de là à oublier la grosse moitié de roman qui précède…
— Patryck Ficini
Éditions Milady
454 pages – 7 €
ISBN : 978-2 -8112-0046-6