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Solaris n° 167

Ce numéro de Solaris est entièrement consacré, 400ème anniversaire oblige, à la ville de Québec. Après un éditorial que Joël Champetier dédie notamment aux Prix, viennent six nouvelles auxquelles Québec et sa région servent de toile de fond.

L’Épine de cerf, d’Esther Rochon, nous immerge rapidement dans ces villes parallèles imaginaires chères à l’auteur, toutes pétries de rêve et de magie, et de ce brin de mélancolie qui fait que les choses ne sont jamais tout à fait ce qu’elles paraissent ou, qu’en tout cas, nous ne les percevons plus jamais de la même manière.
Dans Les Villes invisibles, Élisabeth Vonarburg s’adresse directement au lecteur, un vieil homme qui prenant l’autobulle en vue de rencontrer son médecin, se retrouve tout soudain dans un district inconnu de sa ville. Mais est-ce bien « sa » ville, cet étrange endroit où les bancs publics sont en vrai bois et où ce sont de vrais oiseaux qui pépient de branche en branche ? Ou alors, une jeune femme qui se sent vieille parce qu’elle a été quittée… et qui, prenant le métro pour aller travailler se retrouve… ailleurs. Cet ailleurs où les aura accompagné le narrateur, de son métier « entreteneur », juste pour qu’ils découvrent en eux-mêmes un jardin secret ou bien leur propre vocation, qui sait ?
Jos Montferrand et le Grand Brigand des routes, d’Alain Ducharme, est un petit conte moral et charmant, bien dans la tradition des contes où l’on découvre pourquoi les québécois sont heureux, tous leurs soucis étant volés.
Francine Pelletier, avec La Machine à raconter des histoires, nous raconte une véritable histoire, celle d’un monde post-apocalyptique où les hommes se sont repliés sur leurs souvenirs mais dépendent de ceux de l’extérieur pour leur survie. Un monde où un petit bout de plastique d’avant le Changement constitue une précieuse relique. Maître Éliomer est devenu bien vieux, l’enthousiasme de son apprenti le bouscule et il ne fait certes pas partie de ceux portés à s’ouvrir à ceux du Dehors. Pourtant, il finira par découvrir que, lui aussi, est toujours un apprenti car la vie elle-même est Changement et c’est elle qui se charge de l’Histoire.
Le Dôme de Saint-Macaire de Jean-Louis Trudel est celui où revient Darrick, le ferrifère, pour se venger de son père et libérer ceux qu’il a asservis. Il trouvera bien des soutiens mais aussi ses limites et elles seront à la démesure de ses espoirs. Une forte leçon mais qui m’a laissée insensible de même que La Disparition de David Dorais, un huis-clos assez glauque dans la nouvelle maison où se sont installés Brigitte, son mari et Raphaël, leur petit garçon. Il y a bien une vieille femme pour leur avoir fait peur en disant que la demeure était hantée mais Brigitte tiendra à y rester après son divorce et à y protéger leur fils jusqu’à la folie.
À ces nouvelles s’ajoutent deux articles conséquents. Québec imaginée : une ville en science-fiction, de Mario Teissier qui à travers les auteurs qui se sont succédés, retrace à la fois l’histoire de la science-fiction canadienne et les rapports qui relient ou opposent Québec aux autres grandes villes canadiennes en soulignant la place de premier plan que la Vieille capitale a su s’octroyer dans ce domaine. Dans Québec, 1900 : la réinvention imaginaire, Jean-Louis Trudel adopte un parti-pris très différent. En appelant l’attention sur la relation étroite, et parfois la confusion, entre inventeurs et auteurs, il souligne combien les prémices de la science-fiction étaient plutôt la projection d’un futur désiré et le rôle qu’ont joué ces désirs sur le devenir de la ville réelle.
Pascale Raud présente enfin une liste assez exhaustive des ouvrages récemment sortis ou réédités, et complétée par Lectures, la rubrique de critiques.
Dans tous les cas, un numéro qui est tout à la fois un hommage à une ville et aux auteurs qu’elle a inspirés.

Hélène

Cibylline

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