Quinzinzinzili n°2
Régis Messac (1893-1945) a longtemps fait partie de la troupe ambiguë des auteurs qu’on estime sans trop savoir pourquoi, sur la réputation de quelques ouvrages introuvables – ici, Quinzinzinzili, un étonnant roman de 1935. Plus d’excuses : depuis quelques mois, la détermination d’une poignée de passionnés a suscité la réédition en rafale de Quinzinzinzili, bien sûr (L’Arbre vengeur éd., 2007), mais aussi des Romans de l’homme singe (Ex Nihilo, 2007) et tout récemment du Miroir flexible (Ex Nihilo, 2008).
Suit un dossier, « du « detective novel » au polar des années 30 », qui revient sur la thèse de Messac, Le « Detective novel » et l’influence de la pensée scientifique (1929), malheureusement toujours introuvable. Il ressuscite quelques critiques de polars des années 30, où Messac se révèle un maître du commentaire mi-affectueux, mi-vachard. Ainsi, du gentil Madame Clapain de l’académicien Edouard Estaunié, il écrit : « On peut en donner une idée assez exacte en disant que c’est un roman policier académique (…) C’est de l’article de luxe. Fabriqué par la vieille maison, maison de confiance fondée en 1635 par le cardinal duc de Richelieu, grand amiral de France, Madame Clapain, traduit en anglais, sera lu avec délices par tous les présidents de banque ».
Tout cela est au final bien sympathique, même si l’extrême spécialisation du Bulletin messacquien le réserve aux inconditionnels de SF ancienne qui, logiquement, appartiendront déjà à l’association.
Plus ennuyeuse, pour un hommage au passionné de sciences qu’était Messac, est la légèreté des rédacteurs en la matière. Au-delà des incohérences, plutôt amusantes dans leur systématique, dès qu’il est question de chiffres (e.g. : « de 1882 à 1951, pendant quatre-vingts ans, à la cadence moyenne d’une par jour, 4700 personnes… »), un étrange article intitulé « Science et fraude, liaison coupable » confondant allègrement fraude, erreur et canular se permet insinuations sur l’intégrité de Ptolémée et jugements à l’emporte-pièce sur la supposée « mystification » de René Blondlot à propos des « rayons N » qu’il croyait avoir découverts. Était-ce vraiment indispensable ?
— Éric
Le bulletin messacquien trimestriel
avril 2008 – 5€