« Vivants » d’Isaac Marion
Une lecture extrêmement inattendue. Originale aussi. D’une façon générale, les vampires ne m’intéressent pas. Les morts-vivants, encore moins. Seulement l’auteur a conçu là un petit roman tout à fait particulier, un Roméo et Juliette en quelque sorte qui bouscule les règles du genre.
R est un zombie, R tout court parce qu’il est incapable de se souvenir de son nom, comme tous les autres, et ils sont nombreux. Installés dans un aéroport désaffecté, dans le décor post-apocalyptique d’une ville ruinée dans un monde ruiné.
Aucun désir, sinon manger, ce qui justifie des expéditions de chasse contre les vivants qui se sont retranchés dans des forteresses de fortune.
Nous ne saurons jamais tout à fait comment le monde en est arrivé là. Une épidémie sans doute, un virus ?, en tout cas, cela est contagieux et l’ensemble de la planète a été touché.
Si certains sont devenus carrément des squelettes, R et d’autres ne sont pas trop délités et R rêve de semblants de rêve, comme tous s’appliquent à vivre des semblants de vie, avec des semblants de mariages et des semblants d’enfants puisque même ceux-ci ont été fauchés souvent à un très jeune âge.
Au cours d’une expédition menée contre des vivants, ils vont trouver un groupe d’adolescents et se jeter sur eux pour les dévorer, beaucoup de violence, de sang, de cervelle, je passe sur les détails dont aucun n’est épargné. Seulement alors que R consomme le cerveau du jeune homme qu’il vient de tuer, Perry, il réalise qu’il en absorbe aussi les souvenirs, et cela va suffire à lui faire protéger la petite amie de celui-ci. Emmener une vivante chez les zombies, voilà qui n’est jamais arrivé et ce qu’aucun d’entre eux ne peut admettre. On ne garde pas la nourriture pour soi. Point. Barre.
Seulement, pour R, il s’agit de tout autre chose. Le déclic qui va tout changer. Il voudrait tant apprivoiser la jeune fille et puis il ne se résout pas à être mort. Et il y met une telle force qu’il va la reconduire chez elle puis persuader un des siens, M, de l’aider. Seulement, il ne peut se résoudre à se séparer de Julie et elle-même n’aurait pas le cœur de l’abandonner aux mains des vivants alors qu’il a l’air « si peu mort ».
Deux jeunes gens qui cherchent à sauver le monde, rien de moins. Bref, en dépit de quelques pages répugnantes, une gentille histoire pour adolescents, ce qui explique sans doute qu’elle sera portée à l’écran en 2012 par le producteur deTwilight et qu’elle ne m’ait pas déplu tant elle se démarque du genre.
Éditions Bragelonne
Lu sur épreuves – parution 21 octobre 2011
ISBN : 978-2-35294-527-7
318 pages – 17 €