« Ginkoo-Bilooba, Chronique d’une utopie modeste » de Philippe Caza
Avec une dizaine de nouvelles entrecoupées d’interludes, encadrées d’un prélude et d’un postlude, sans compter les illustration assorties – et en couleurs s’il vous plaît – Philippe Caza, nous livre avec bonne humeur ce Ginkoo-Bilooba, Chronique d’une utopie modeste.
Un fix-up presque entièrement de la plume de Valentina, journaliste de terrain, quand il n’existe plus guère que le terrain mais sans journalisme, ni beaucoup d’informations. Mais cela tombe bien puisque le seul papier utilisable est récupéré des pages de garde ou des blanches dans les livres conservés par son Grand-Grand-Papet GB.
Parce que cette utopie-là aux allures d’un nouvel Éden n’est pas située dans un futur bien lointain. Il est même tout proche. Il y a suffit d’une bonne pandémie, d’un chouilla supplémentaire de pollution, des bactéries bouffeuses de ce plastik omniprésent et d’un peu d’aide extraterrestre pour que la population mondiale passe au-dessous du milliard.
Le réchauffement climatique aidant, l’Europe et la France sont désormais peuplées d’hippopotames, de crocodiles, de palmiers et dépeuplées de quasi tous leurs habitants. Et, puisque utopie il y a, œufs d’autruche et bananiers assurent une abondance de nourriture sans trop d’effort. Ni vêtements, ni propriété et, partant, ni violences, ni police, ni guerres, ni… ni… Ginkoo-Bilooba, petit village de rêve où tout finit par des chansons en somme.
Comment donc s’étonner que Valentina, nouvelle Ève de ce paradis, ne puisse y réfréner sa curiosité quelque peu attisée par ce grand-grand-père qui a connu la vie d’avant et ses livres ? Avant la Grande Bistouille. Quand il y avait la lectricité, les nordis et clés huesbé, les r.o.b.o. et toute cette sorte de choses.
Quoique, si pareil idéal nécessitait en principe leur disparition en même temps que celle de 90 % de l’humanité, l’auteur n’ait pu se résoudre au sacrifice total des livres ou des œuvres d’art…
Une utopie modeste quelque peu rousseauiste, mais, au final, une satire assez malicieuse.
Caza y joue avec les mots pour mieux nous laisser réfléchir sur les ridicules d’un consumérisme effréné, mais avec bonhomie, jusqu’en ses interludes, moins fantaisistes.
Préservation de l’environnement oblige.
Éditions Arkuiris
315 pages avec illustrations – 18 €
ISBN:978-2-919090-39-6