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« Solaris n°195 »

solaris195Un numéro qui rend un multiple hommage à Joël Champetier sous la plume des artisans de la revue avant de nous offrir cinq nouvelles.
La première touche entièrement à la science fiction, Garder un phénix en cage. Elle est due à Jean-Louis Trudel et a obtenu le prix Solaris 2014. Un procès dont on découvre peu à peu les éléments, meurtre, enlèvement, clonage, résurrection et trafic de souvenirs à travers les monologues – de l’accusation, de l’assassin, de la victime – dont chacun exprime sa vérité, telle qu’il la perçoit ou veut que nous la percevions.
Suit le Testament d’une encloustrée, observations et réflexions post-mortem d’une malheureuse, accusée de meurtre et sorcellerie, à laquelle Martyne Pigeon prête sa voix. Un traitement détaillé qui se prête particulièrement à l’horreur d’un évènement dont on comprend qu’il ait marqué en son temps les esprits et suscité maintes légendes. Trop lié cependant à un personnage et un lieu particuliers pour avoir une résonance chez un lecteur extérieur.
C’est de l’Héritage de la maison où elle vécut enfant dont nous parle l’héroïne de Sylvain Lamur. Une célibataire assez désenchantée qui, se retrouvant héritière mais sans aucune autre famille au décès de sa mère, va commencer par retourner sur les lieux. Pour faire le ménage à la fois de la maison et dans ses souvenirs. Mais les greniers poussiéreux renferment souvent beaucoup plus de souvenirs que les siens propres, parfois de quoi orienter différemment toute sa vie.
Resort d’Hugues Lictevout, se situe au cœur d’un parc d’attraction en Nouvelle-France. Un parc des plus exotiques pour ses visiteurs asiatiques, brésiliens etc. et qui en veulent donc pour leur argent. Quelle importance si les personnels sont exploités, à la limite de l’esclavage, ou portent des costumes ridicules censés typiques du pays ? Le client est roi et le personnel à son service. En toutes circonstances. De quoi peut-être inviter à réfléchir le touriste occidental friand de séjours dans le Tiers-Monde ?
Point d’appel à la réflexion dans ma préférée, l’Enchanteresse portait des Levi’s, de Geneviève Blouin, mais beaucoup d’humour, et de connaissances aussi, dans cette enquête policière menée par le philosophe Empédocle pour retrouver les ciseaux d’Atropos. Rien de moins qu’une des précieuses pièces de l’exposition « Chefs d’œuvre des faussaires de jadis » volée au musée. De quoi finir sa lecture en beauté avant d’aborder la partie « dossiers »
Avec d’abord les Carnets du Futurible, toujours passionnants, que Mario Tessier consacre cette fois au Design de science-fiction en pointant du doigt les rapports étroits entre le design et nos représentations de la science-fiction à travers les objets qui la donnent à voir et leur influence réciproque, y compris sur les objets du quotidien.
La rubrique Sci-néma de Christian Sauvé, qui traite sans complaisance des films récents d’exploration spatiale à ceux de super-héros, en passant par les biographies arrangées de Turing et Hawking, est particulièrement intéressante.
Quant aux chroniques des Littéranautes et de Lectures, qui présentent un large panel des derniers livres sortis, elles sont l’occasion, comme à l’accoutumée, de tentations ou de possibles déceptions.

Hélène

Hélène Marchetto est peintre et illustratrice, écrivaine et anthologiste, chroniqueuse. Teams #Nice Fictions #VagabondsduRêve

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