« Yugaroï – La Nuit des dieux » de Javier Negrete
Avec ce troisième et avant-dernier tome, l’auteur ramène sur le devant de la scène des personnages qui étaient quelque peu passés à l’arrière-plan.
Les premières pages s’ouvrent sur la ville dévastée de Narak que Derguin Gorion survole à dos de téron avant qu’un utile flash-back ne nous ramène deux semaines en arrière sur la victoire grâce à laquelle la Horde rouge alliée aux Agataïres a vaincu les armées du Martal.
Rappel qui n’est pas inutile vu la cadence de parution des tomes successifs. Je ne dirai jamais assez tout le mal que je pense du principe de la sortie de romans par « morceaux », avant qu’une histoire ne soit achevée. Encore n’a-t-on pas affaire ici à La Roue du temps.
Pour autant, je ne bouderai pas cette Chronique de la Tramorée. Si Zémal, l’épée de feu, premier tome de la série, constituait un bon livre de fantasy classique, sans plus, Syfrõn, l’esprit du mage, avait déjà pris une tout autre ampleur. Elle se renforce ici. Javier Negrete fait partie de ces auteurs qui ont besoin de prendre tranquillement leur souffle avant de révéler tout leur talent. Avec ce plus d’une érudition non-négligeable qui sous-tend solidement sa création.
Car entre la disparition du Roi Gris, dernier rempart contre les dieux, et les efforts de Tubilok, le dieu fou, pour se libérer, il n’est plus question ici de simples luttes armées, même si, de fait, on est transporté au cœur même des armées en campagne.
Mais la fantasy y bascule dans la science-fiction. Il est vrai que la magie n’est rien d’autre que ce que nous ne comprenons pas ou pas encore.
Par ailleurs, Zémal a été de nouveau volée à Derguin Gorion alors même qu’elle est la seule arme dont il dispose pour affronter un pareil péril. Pourquoi ? Qui pourrait croire que ce soit par simple jalousie ? Quant à Togul Barock, son redoutable demi-frère, il n’entend pas aujourd’hui plus qu’hier en laisser la possession à Derguin dont elle a fait le zémalnit.
Ainsi Derguin ne peut-il compter que sur l’aide de ses vieux amis ; mais Mikhon Tiq, le jeune kalagorinor qu’il a sauvé, n’est plus tout à fait le même et le valeureux Kratos ne peut pas ne pas avoir d’états d’âme alors même qu’il s’est écarté de l’épée au bénéfice d’un « gamin ».
J’ai beaucoup apprécié. J’apprécie encore davantage que le dernier tome soit annoncé pour cette année.
Éditions L’Atalante
480 pages – 23 €
ISBN : 978-2-84172-561-8